Critique de « Vulcanizadora » : une sombre comédie DIY entre amis sur un pacte morbide

Critique de « Vulcanizadora » : une sombre comédie DIY entre amis sur un pacte morbide

En tant que cinéphile chevronné avec plus de trois décennies de cinéma à mon actif, je dois dire que « Vulcanizadora » m’a laissé une marque indélébile. Ce film, tout comme une forêt du Michigan, semble au premier abord ordinaire, mais à mesure que vous approfondissez, il révèle des couches de complexité et d’intrigues vraiment captivantes.


Une promenade tranquille à travers une forêt du Michigan par deux hommes, qui semblent discuter inutilement, pourrait ne pas capter l’intérêt au premier abord. Pourtant, le scénariste-réalisateur (et acteur) Joel Potrykus plonge habilement dans la profondeur de leur histoire humaine dans « Vulcanizadora ». Cette construction particulière et progressive dévoile un sombre accord qui finit par se dénouer, offrant une exploration convaincante de ses conséquences.

Les clips vidéo granuleux et médiocres d’incendies criminels et de chaos servent d’introduction captivante aux plans 16 mm immaculés et scéniques du film d’un sentier de campagne. Ce lieu constitue la toile de fond de la majeure partie du film, réalisé par Potrykus, où il incarne Derek Skiba, un personnage troublé, anxieux et parfois irritant. Derek contraste fortement avec son ami, Martin Jackitansky (joué par Joshua Burge), qui semble moins qu’amusé par les comportements enfantins de Derek. Au lieu de partager l’enthousiasme de Derek pour le tournage de vidéos de feux d’artifice sur leur vieux Handycam, Derek et cassette DV, Martin semble avoir un objectif différent, même si le film nous laisse deviner.

Malgré la tension persistante entre eux, ils restent attachés à leur objectif commun, ce qui laisse les téléspectateurs curieux de connaître leur destination, leurs motivations et leur lien indissoluble. Bien qu’initialement obscurs, ces mystères sont évoqués à travers des scènes du comportement adolescent rebelle de Derek, mettant subtilement en valeur l’attitude mélancolique de Martin en arrière-plan, même légèrement floue. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule, des détails cruciaux émergent de manière dramatique et directe, ressemblant moins à une surcharge d’informations qu’à deux hommes avouant leurs secrets, Derek tentant de perturber leurs plans en cours de route. (Burge, collaborateur fréquent de Potrykus, démontre une compréhension exceptionnelle du scénario et de la technique.)

Une partie importante de l’impact du film provient de la représentation par Potrykus d’un personnage qui rappelle les hommes principaux des comédies de studio comme Adam Sandler ou Will Ferrell, mais il découvre habilement les aspects complexes des actions de Derek. La véritable essence de leur accord, bien que rarement énoncée explicitement, devient de plus en plus claire à mesure qu’ils confessent leur culpabilité et leur dépression. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule, elle révèle non seulement la nature du lien qui les unit, mais met également en lumière le film lui-même.

Alors qu’ils parcouraient des territoires inexplorés, les deux hommes rencontraient rarement d’autres individus, ce qui amène à se demander s’il y avait une raison à leur voyage en premier lieu. Quelque chose aurait-il mal tourné dans leur ville natale ? Le monde a-t-il touché à sa fin ? Quelle que soit la vérité réelle, la réponse figurative est indéniablement « oui ». Ces hommes ne tiennent qu’à un fil et se plongent dans un vide symbolique. Ils sont désormais au bord du néant, mais ironiquement, le résultat reste comique, même dans une perspective aussi profondément introspective – c’est peut-être l’absurdité qui le rend si amusant.

Contrairement aux comédies de studio typiques, « Vulcanizadora » présente une énergie plus contemplative de la part du réalisateur Potrykus et du directeur de la photographie Adam J. Minnick, à quelques exceptions près telles que les séquences d’action décalées et rapides sur le heavy metal. Le cadrage du film a une qualité douce et nostalgique qui rappelle les souvenirs capturés sur des photographies ou des cartes postales, et il présente fréquemment de longs gros plans tranquilles des deux protagonistes luttant contre un désespoir accablant alors qu’ils sont aux prises avec des questions spirituelles qui leur restent insaisissables.

Malgré les problèmes apparents de gravité et de maturité avec lesquels ils semblent lutter, une immaturité ludique émerge constamment, faisant paraître même les scènes les plus sombres d’une ironie comique. L’accord en question, bien que mortel, implique des feux d’artifice vibrants et un appareil artisanal rappelant les fameux pièges « Saw ». C’est plus absurde qu’on pourrait le croire. La conclusion, pleine de complications juridiques et éthiques (même si moins on en révèle au départ, plus elle devient surprenante), se déroule dans l’acte final tranquille du film, offrant une tournure bizarre et inattendue.

Alors que le générique final se déroule, « Vulcanizadora » délivre un punch émotionnel inattendu en décrivant des crises de la quarantaine et deux hommes désillusionnés par le monde et leurs propres choix, les laissant piégés dans le désespoir. Transformer des sentiments aussi bruts en un drame structuré est un défi, mais le transformer en un humour vif et introspectif est encore plus difficile. Pourtant, remarquablement, Potrykus parvient à y parvenir.

2024-08-23 16:18