Revue « Rencontrez les barbares » : Julie Delpy crée une comédie d’intégration extrêmement drôle

Revue « Rencontrez les barbares » : Julie Delpy crée une comédie d'intégration extrêmement drôle

En tant que cinéphile chevronné ayant un penchant pour les films qui plongent dans les complexités sociétales et les nuances culturelles, « Meet the Barbarians » m’a laissé à la fois diverti et introspectif. Ayant beaucoup voyagé à travers l’Europe et le Moyen-Orient, j’ai été témoin des différences marquées entre les hypocrisies occidentales et les réalités orientales.


Dans la comédie de choc culturel « À la rencontre des barbares » de Julie Delpy, elle expose plusieurs hypocrisies occidentales. L’histoire se déroule dans la commune française de Paimpont, en difficulté, où les habitants votent en faveur de l’accueil de quelques réfugiés ukrainiens. Cependant, ils sont surpris lorsqu’une famille syrienne arrive à leur place. Les réactions de la ville vont de maladroites à hostiles, ce que Delpy décrit avec vivacité en utilisant un style proche du documentaire pour filmer la ville et ses invités arabes. Il en résulte un film qui, même s’il n’atteint pas tout à fait les sommets dramatiques qu’il vise, est incroyablement humoristique.

Le film démarre sur un rythme entraînant, à la manière de « Le Bureau », avec le maire maladroit Sébastien Lejeune (Jean-Charles Clichet) annonçant à une équipe de journal télévisé son projet d’accueillir une famille ukrainienne. Le conseil municipal vote cette décision à la quasi-unanimité. Même Hervé Riou (Laurent Lafitte), le plombier grincheux de la ville, finit par accepter après une douce poussée de ses collègues. Divers entretiens locaux suggèrent qu’accueillir les Ukrainiens et s’opposer à l’invasion russe est une position largement acceptée, malgré les appréhensions ou les préoccupations financières que pourraient avoir certains résidents. Mais ces inquiétudes refont surface lorsque la commune découvre une confusion administrative.

Les images de « À la rencontre des barbares » capturées par les caméras de télévision se distinguent par des téléscripteurs et une taille d’écran plus petite. Pourtant, ses scènes non documentaires emploient également un style visuel similaire, ressemblant à la série « The Trip » de Michael Winterbottom, dans laquelle les acteurs jouent toujours, même pendant les moments hors interview. Par exemple, Lejeune s’inquiète de la perception du public quant à l’acceptation des réfugiés et s’efforce de créer une atmosphère accueillante à des fins politiques. En apprenant que les Ukrainiens sont accueillis en grand nombre à travers l’Europe, il apparaît déçu que Paimpont n’accueille aucun de ces précieux réfugiés. De même, le personnage de Deply, Joëlle, l’enseignante progressiste, coordonne l’arrivée des réfugiés mais connaît aussi des moments difficiles d’apparente acceptation.

La famille que nous avons évoquée précédemment, les Fayad de Syrie, est généralement ordinaire mais cela est significatif selon la perspective de Deply. Marwan (Ziad Bakri), architecte de talent, sa femme Louna (Dalia Naous), graphiste, son père grincheux Hassan (Farès Helou), leurs enfants Dina et Waël, et Alma (Rita Hayek), leur tante médecin, ont tous ont été tellement épuisés par leurs expériences dans les camps de réfugiés où ils ont appris le français, qu’ils sont trop préoccupés par leurs propres luttes pour se préoccuper de l’opinion des habitants de Paimpont. Malgré cela, ils s’efforcent de nouer des liens au sein de la communauté et de s’installer, ce qui les oblige à occuper divers emplois temporaires puisque leurs diplômes ne sont pas reconnus en France ou ont été perdus, ainsi que leur domicile à Damas.

Le film « À la rencontre des barbares » donne un aperçu de la vie personnelle des Fayad et de leurs sentiments, mais il les utilise avant tout comme un outil politique pour faire valoir un point plus large. Cet argument est puissant et suscite la réflexion, divisant les personnages en deux groupes principaux qui reflètent des aspects importants des discussions occidentales contemporaines sur les réfugiés. D’un côté, nous avons Joëlle et son amie Anne (interprétée par Sandrine Kiberlain), qui nourrissent des opinions libérales bien intentionnées mais qui restent teintées de perspectives orientalistes. De l’autre côté, il y a Hervé et Philippe, le mari dépanneur d’Anne (Mathieu Demy), dont l’attitude à l’égard des musulmans et des Arabes est généralement méfiante et hostile.

Le point fort du film réside dans le fait de présenter des personnages qui semblent initialement contrastés comme les deux faces d’une même pièce, révélant que leurs comportements proviennent de la même source de préjugés et d’incompréhension, quoique de différentes manières. Alors que d’autres films contemporains abordent les sombres réalités de la vie des réfugiés, comme « The Old Oak » de Ken Loach et « Green Border » d’Agnieszka Holland, « Meet the Barbarians » se démarque en approfondissant le sujet comme une comédie, permettant une exploration plus détaillée.

Malgré des défis tels que la nécessité de valider leurs traumatismes, le récit des Fayad n’est plus une question de survie. Ce changement permet au film de se concentrer sur les détails complexes et les obstacles bureaucratiques de leur voyage, ainsi que sur les frictions mineures qui émergent lorsqu’un étranger est introduit dans une communauté très unie. Le récit conserve un ton exaltant et joyeux au milieu de ses aspects les plus sombres. Pourtant, Delpy n’oublie jamais le contexte plus large, rappelant subtilement que la vie reste dure pour les réfugiés musulmans au-delà de cette histoire amusante.

2024-09-16 10:17