Revue « Else » : une romance pandémique se transforme en une sombre horreur corporelle dans le film français Bonkers

Revue « Else » : une romance pandémique se transforme en une sombre horreur corporelle dans le film français Bonkers

En tant que cinéphile ayant passé d’innombrables heures immergées dans le monde du cinéma, je peux affirmer avec certitude que « Else » est un film vraiment unique et qui suscite la réflexion. Le réalisateur Thibault Emin navigue magistralement dans les complexités de la connexion humaine et de la peur existentielle, le tout dans les limites d’un appartement claustrophobe. Le style visuel du film est à la fois onirique et obsédant, le directeur de la photographie Léo Lefèvre méritant une reconnaissance particulière pour sa captivante cinématographie en noir et blanc qui rappelle les débuts du cinéma.


Dans son premier long métrage « Else », le réalisateur Thibault Emin joue d’abord avec les idées douces et romantiques de deux personnes ne faisant plus qu’une, mais se penche rapidement sur les implications troublantes d’une telle connexion. Le film, présenté en première au Festival du film de Toronto, se déroule principalement dans un appartement qui sert à la fois de sanctuaire et de confinement. Même si cela peut être un peu lourd, c’est indéniablement visuellement captivant. « Else » est essentiellement une parabole d’un couple confronté à une menace omniprésente du monde extérieur, et explore également des réflexions profondes sur l’individualité comme une version cauchemardesque d’un rêve romantique.

Matthieu Sampeur, affectueusement surnommé Anx, est un homme en proie à l’anxiété. Sa chambre, ornée de l’exubérance d’un enfant (avec des draps rouges, des murs violets, des lumières vives et des jouets colorés dispersés), reflète sa difficulté à nouer des relations significatives avec d’autres adultes. Il n’est pas particulièrement sociable, évite souvent les interactions avec ses voisins d’immeuble et a même du mal à résoudre des problèmes tels que les nuisances sonores des voisins. C’est pourquoi il est interloqué lorsqu’il développe une forte attirance pour Cass (Édith Proust), une aventure d’un soir pleine de vivacité. Elle est audacieuse là où il est prudent, franche là où il est réservé.

Face à une telle scène (avec lui au-dessus d’elle, tous deux dans un état de désarroi et lui finalement incapable de maintenir leur intimité), on pourrait être amené à croire que « Else » est une comédie vivante dont l’accent principal est mis sur les pitreries amusantes. d’elle jetant avec désinvolture une figue à moitié mangée sur le sol (pendant qu’il regarde sous le choc). L’espace d’un instant, il semble que « Else » ait l’intention de nous plonger dans une comédie romantique chaotique, se déroulant dans l’appartement exigu d’Anx. Cependant, ce ton comique cède rapidement, car Emin laisse entendre qu’il pourrait se passer quelque chose de troublant. Alors qu’une série de photographies publiées sur les réseaux sociaux racontent leur rencontre fortuite lors d’une fête la nuit précédente, Anx est de plus en plus alarmée par un seul détail sur une photo qui ne les inclut ni l’un ni l’autre : un homme qui cherche du pop-corn présente des marques étranges sur son corps. main.

Il est compréhensible qu’Anx se sente concerné, alors que des nouvelles émergent rapidement d’une contagion inhabituelle qui se propage rapidement. Cette maladie semble amener les gens à se fondre dans leur environnement – ​​de leur téléphone aux trottoirs en passant par les rochers. N’ayant nulle part où aller, Anx décide de se barricader dans son appartement et de s’isoler des autres. Cependant, il y a une exception : Cass, qui a hâte de passer ce confinement avec son amant novice. Malheureusement, l’intimité qu’ils parviennent à créer est bientôt mise en péril par la force énigmatique qui consume tout ce qu’elle touche. Il ne faut pas longtemps avant que « Else » ne devienne une ressemblance effrayante avec un film d’horreur, alors qu’Anx et Cass se retrouvent à combattre une entité inconnue qui se cache juste devant la porte de leur appartement. Cette créature leur fait peut-être comprendre, selon les célèbres mots de Star Trek, que la résistance est vaine.

Dans le film « Else », les scènes romantiques sont décrites comme oniriques et brumeuses, tandis que les séquences de science-fiction sont austères et minimalistes, créant un contraste saisissant. C’est la cinématographie de Léo Lefèvre qui vole la vedette. Bien qu’Anx et Cass tentent d’échapper à la détection pour éviter la contamination par l’étrange masse spongieuse à l’extérieur de leur chambre, Lefèvre parvient à garder la caméra captivante même pendant les scènes d’horreur corporelle qui peuvent sembler un peu tirées par les cheveux. Certaines de ses cinématographies en noir et blanc ont une beauté inhabituelle qui rappelle le travail de Méliès et Wiene.

Le film d’Emin a une qualité tangible qui se démarque. Anxiety et Cassandra hésitent à se fondre dans leur environnement, mais le style unique du film nous rend extrêmement conscients de la malléabilité de leur environnement. Chaque objet, paysage, surface et peau est capturé avec une perspective étrange et déconcertante. Cette histoire explore ce que signifie percevoir les autres sous un nouveau jour, et cette leçon sur la perception nous est également transmise.

Else » pourrait tester sa patience avec son voyage de genre avant de s’installer dans une sombre contemplation. Il présente un côté ludique délicieux (à un moment donné, une bête de roche attaque Cass) et une mélancolie inattendue (le point culminant tourne autour d’une histoire sur le poisson-poumon et évolution). Ce changement de ton dramatique est volontairement choquant, mais non moins frustrant. Cependant, malgré les couches visuellement étonnantes mais complexes qui enveloppent ses grandes aspirations, le long métrage d’Emin se présente comme un chef-d’œuvre fascinant et étrange qui reflète son caractère monstrueux – reconstitué, sauvage mais spacieux.

2024-10-08 02:46