En tant que cinéphile chevronné qui a été témoin d’innombrables histoires d’amour se dérouler sur grand écran, je peux affirmer avec confiance que « Love » est une bouffée d’air frais. Issu d’une vie remplie de comédies romantiques et de récits prévisibles, ce film ressemble à une déviation rafraîchissante. Il ne s’agit pas seulement de trouver l’âme sœur ou le traditionnel bonheur pour toujours ; il s’agit d’explorer différentes facettes de l’intimité et de comprendre que la définition de l’amour de chacun est unique.
En tant que passionné de cinéma, je vis à une époque où la dynamique des relations et de l’amour subit des changements importants. De plus en plus d’individus explorent et définissent leur vie amoureuse et sexuelle au-delà du chemin traditionnel de l’amour, du mariage, des enfants et des familles nucléaires. La montée des identités LGBT dans la culture dominante a certainement joué un rôle dans ce changement, mais même nos perceptions des partenariats entre personnes de sexe opposé – autrefois considérées comme la norme – évoluent. Nous sommes de plus en plus conscients des subtilités de la bisexualité et des relations ouvertes.
Le film « Love », réalisé par l’auteur et réalisateur norvégien Haugerud, est le deuxième volet d’une trilogie proposée. Contrairement à son prédécesseur « Sex » et au prochain « Dreams », cette série de films est autonome mais interconnectée, explorant la sexualité moderne et les normes relationnelles. Le film « Sex » s’est penché sur les conséquences domestiques lorsqu’un homme, que l’on croyait auparavant hétérosexuel et heureux en mariage, a eu une rencontre spontanée avec un étranger et l’a avoué à sa femme. Il est intéressant de noter que ni « Sexe » ni « Amour » ne concernent strictement les actes sexuels ou l’amour romantique tels que nous les comprenons généralement, mais examinent plutôt comment ces concepts peuvent s’entremêler et diverger en matière de cœur. Le troisième film n’a pas encore été révélé. « Amour », qui pourrait être plus pertinent et accessible que son homologue, a été présenté cette année dans la section du concours de Venise, lui donnant ainsi une plus grande visibilité. Cela pourrait potentiellement encourager les distributeurs mondiaux d’art et d’essai à donner la priorité à « Love », car cela ne nécessite pas de connaissance du premier film.
L’histoire se déroule sur trois semaines au cours d’un mois d’août chaud dans la région nordique, alors que le film présente ses personnages principaux dans le cadre plutôt banal du service d’urologie d’un hôpital d’Oslo. La charmante médecin d’âge moyen Marianne (Andrea Bræin Hovig) annonce sans détour la nouvelle du diagnostic de cancer de la prostate d’un patient, tandis que sa jeune infirmière assistante aux cheveux hirsutes Tor (Tayo Cittadella Jacobsen) offre un réconfort apaisant de loin. Après leur conversation privée, il y a une camaraderie évidente et facile entre eux qui suggère une amitié étroite mais rien de chargé de romantisme. Il s’avère que Marianne est hétéro et Tor est gay, bien que tous deux soient actuellement célibataires. Ils ont des objectifs personnels distincts : Marianne recherche les relations amoureuses tandis que Tor préfère les rencontres informelles sans engagement sur le long terme.
Après un rendez-vous agréable avec le géologue divorcé Ole (Thomas Gullestad), qui est un ami de Marianne, l’amie de Heidi, elle rencontre de manière inattendue Tor lors d’un trajet en ferry pour rentrer chez elle. Fascinée de découvrir que c’est son lieu de prédilection pour rencontrer des hommes, elle évoque avec désinvolture sa rencontre à un collègue. En racontant la soirée, elle avoue quelque chose de surprenant : « Je me suis retrouvée à souhaiter que nous puissions avoir une aventure d’un soir et ne plus jamais nous croiser. » Pour Marianne, cette idée semble être une variante séduisante de la romance traditionnelle ; pour Tor, c’est juste une pratique courante.
Cependant, alors que Marianne envisage les implications de brèves rencontres – en les contrastant avec ses émotions complexes envers Ole – un paysage émotionnel inattendu se dévoile pour Tor, déclenché par une rencontre en ferry avec le séduisant psychologue plus âgé Bjorn (interprété exceptionnellement bien par Lars Jacob Holm). Il semble y avoir un lien instantané entre eux, bien que Bjorn ait avoué qu’il n’avait aucun désir sexuel ; Plus tard, ils se croisent à nouveau à l’hôpital suite à une nouvelle bouleversante et commencent à découvrir des moyens non conventionnels de se soutenir mutuellement. Le scénario de Haugerud entremêle astucieusement des scènes qui s’appuient sur la coïncidence et la commodité, tout en naviguant entre des idées humaines perspicaces et des réflexions spéculatives. Ces interactions semblent vraies, même si elles semblent quelque peu fantastiques.
Ce film est à la fois mature et ludique, avec un humour légèrement décalé qui n’enlève rien à ses thèmes sérieux. Une intrigue parallèle mettant en vedette Heidi, une employée municipale décrite de manière hilarante par Engebrightsen comme un esprit rebelle déguisé en tenue hippie, fait la satire subtile des contradictions de la société progressiste moderne sans devenir trop critique. Le style visuel du film, avec ses couleurs douces et ensoleillées de Cecilie Semec et la musique jazzy de Peder Kjellsby, s’accorde parfaitement avec son esprit décontracté. Les performances subtiles et observatrices de Hovig et Jacobsen évitent également d’être trop énergiques.
La perspective sur les relations contemporaines présentée dans ce film est plus nuancée que simplement « vivre et laisser vivre », mais sa douce acceptation des choix individuels semble remarquablement compatissante, intellectuellement stimulante et même un peu passionnée. Le film illustre comment des personnages comme Marianne s’épanouissent dans des situations non conventionnelles, tandis que Tor et Bjorn trouvent des avantages mutuels dans un partenariat indéfini. Ce film constitue un changement rafraîchissant par rapport au passé, où « c’est compliqué » était l’étiquette standard pour les relations qui ne correspondaient pas à la norme du couplage hétérosexuel. Cela suggère que s’écarter de la formule traditionnelle de la comédie romantique peut être moins intimidant que prévu, et même agréable.
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2024-09-06 21:17