Critique de « Soudan, souvenez-vous de nous » : l’espoir collectif ne peut pas être anéanti dans un documentaire exaltant

Critique de « Soudan, souvenez-vous de nous » : l’espoir collectif ne peut pas être anéanti dans un documentaire exaltant

En tant que cinéphile de longue date ayant parcouru les paysages cinématographiques du monde, je me trouve profondément ému et profondément impressionné par « Soudan, souvenez-vous de nous ». Le film n’est pas seulement un témoignage de la résilience et de l’esprit d’une nation, mais une lueur d’espoir qui brille même dans les moments les plus sombres.


Dans le documentaire « Soudan, souvenez-vous de nous », la cinéaste Hind Meddeb entreprend une mission difficile. Son objectif est de raconter quatre années charnières dans l’histoire du Soudan du point de vue d’une poignée de jeunes. Au cours de cette période, une dictature de 30 ans a été renversée par un soulèvement populaire, mais cette révolution a ensuite été saisie par les dirigeants militaires du pays. Au lieu de se concentrer sur les événements politiques plus larges, Meddeb offre un aperçu plus profond – un portrait contemplatif et compatissant de la façon dont l’optimisme collectif peut galvaniser une génération entière.

En tant que cinéphile, j’attends avec impatience mon expérience directe avec « Sudan, Remember Us », qui fera ses débuts en Amérique du Nord au Festival international du film de Toronto. L’histoire se déroule à travers des messages vocaux échangés entre la cinéaste Meddeb et ses sujets à la suite d’une guerre dévastatrice en mars 2023. Au départ, ces voix nous sont étrangères, mais leurs émotions – le désespoir et l’espoir, coexistant de manière poignante alors qu’elles vérifient leur survie – immédiatement. résonner. Le fait que le conflit au Soudan persiste près de 18 mois plus tard intensifie la détresse de ces premières conversations. Cependant, ce film ne se concentre pas sur la lutte en cours. Au lieu de cela, cela nous ramène à 2019, une époque où une transformation significative semblait plausible.

Meddeb tisse trois intrigues clés pour raconter cette histoire. Plutôt que de se concentrer sur chaque personnage individuellement, elle entrelace leurs parcours en fonction de thèmes communs. Au départ, il s’agit d’une révolution centrée autour de la poésie et de l’expression artistique. Par la suite, il est devenu un mouvement féministe, dont bon nombre de figures influentes sont des jeunes femmes luttant pour se libérer du système patriarcal oppressif. Enfin, cette révolution a commencé sous la forme d’aspirations personnelles discrètes, mais s’est rapidement transformée en revendications vocales et collectives dans la sphère publique grâce à la collaboration et à la solidarité entre les participants.

Dès le début de son discours d’ouverture, Meddeb reconnaît le Soudan comme un pays riche en littérature. Il n’est donc pas surprenant que son appareil photo capture habilement la cadence poétique inhérente à ses vers. Elle filme fréquemment ces jeunes révolutionnaires en train de se réciter de la poésie, honorant ainsi leurs ancêtres littéraires. Leurs poèmes sont à la fois immédiats et reflètent leur situation, mais ils s’inspirent de ceux qui ont mené les rébellions passées dans les années 1960 et 1980. Ces exemples débordent de frustration, mais ils révèlent également la détermination et la résilience de ces jeunes alors qu’ils luttent pour un monde meilleur qu’ils envisagent pour eux-mêmes. Une foule en quête de transformation sert de toile de fond, leurs chants, leurs sifflets et même le bruit des pierres sur l’asphalte formant la musique de leur résistance.

En m’éloignant des scènes palpitantes, je me retrouve plongé dans les discussions informelles entre Meddeb et la monteuse Gladys Joujou, ajoutant de la profondeur au scénario. Ces conversations, qui se déroulent dans les cafés, les maisons ou les rues de la ville, constituent une toile de fond constante du film. Le montage habile intègre harmonieusement ces dialogues dans une tapisserie thématique plus large abordant les droits des femmes, l’inconduite religieuse et, plus important encore, leur vision du Soudan. La caméra capture également le charme unique de Khartoum, en mettant l’accent sur sa riche histoire qui a nourri des individus si intelligents et articulés, donnant à la ville son identité distincte.

En juin 2019, le sit-in des manifestants pacifiques a été dispersé par la force par l’armée, anéantissant tous les grands espoirs. Meddeb présente sans ménagement des images troublantes de téléphones-appareils photo, illustrant des actes de torture et d’intimidation ; le récit révèle également des cas de meurtre et d’emprisonnement. Cependant, même malgré cette défaite écrasante, les aspirations du peuple à un avenir meilleur restent résilientes. C’est cette puissante détermination qui fait de « Soudan, souvenez-vous de nous » une histoire inspirante d’endurance collective incassable.

Dans la lettre affectueuse de Mebbeb au Soudan, à son peuple et à ses traditions, il semble y avoir une légère discorde à la fin. Étonnamment, pour un film mettant l’accent sur l’arabe et un dialecte soudanais spécifique, le générique de fin joue une chanson française – une langue peu familière à la plupart des citoyens soudanais. Pourtant, au milieu des troubles que connaît actuellement leur pays en raison de la guerre, de la famine et du déplacement de millions de personnes, ce film présente un aperçu d’une époque plus brillante il n’y a pas si longtemps. Cela pourrait être considéré comme le signe de temps meilleurs à venir, quelque chose auquel s’accrocher jusqu’à ce que cette crise s’apaise.

2024-09-12 04:16