En tant que fan qui a passé d’innombrables heures immergé dans des drames policiers graves, je dois dire que le portrait d’Ann Hunter par Dale Dickey dans « The G » est tout simplement extraordinaire. Sa performance témoigne de la puissance brute et de la résilience que l’on peut trouver chez ceux qui ont été endurcis par les coups impitoyables de la vie.
Dans le film « Thelma », la vengeance de June Squibb contre les exploiteurs seniors ressemble plus à un jeu avec une balle Nerf souple qu’au style de vengeance brutal de Dale Dickey dans « The G ». Ce dernier film, moins réconfortant, dépeint sa star comme une vétéran coriace et endurante qui se révèle être un adversaire dangereux pour toute organisation criminelle qui la cible.
En tant que cinéphile, je me suis retrouvé attiré par la deuxième production du cinéaste canadien Karl R. Hearne, qui ressemblait de façon frappante au cinéma des années 70 avec son accent intense sur les nuances concrètes des personnages plutôt que sur les éléments de suspense traditionnels. Cependant, bien qu’il soit classé comme un thriller, il n’a pas réussi à produire l’excitation palpitante que l’on attend habituellement de ce type de films.
Ann Hunter, 72 ans, souvent surnommée « la G » par sa petite-fille Emma (Romane Denis), n’est pas particulièrement appréciée des autres, y compris de la belle-famille de Chip qui attribue sa détérioration de la santé à leur mariage. Contrairement à Florence Nightingale, elle passe ses journées à fumer et à boire plutôt que de s’occuper de lui, allongé dans un lit relié à une bouteille d’oxygène.
Même s’ils ne s’y attendaient pas, ils se retrouvent pris au dépourvu lorsqu’ils sont expulsés de leur domicile et contraints d’emménager dans un complexe de logements lugubres, peuplé d’autres personnes âgées qui ont été contraintes de se placer sous tutelle par décision de justice. Il s’avère qu’il s’agit d’une pratique courante pour une escroquerie systémique, orchestrée par des individus corrompus tels que des médecins, des juges et le cerveau criminel Rivera (Bruce Ramsay). Ce stratagème vise à exploiter les vulnérabilités des seniors, en les déclarant incompétents pour permettre à Rivera de saisir leurs propriétés, leurs économies et autres actifs. Essentiellement, ils deviennent des prisonniers virtuels, certains étant traités encore plus durement – comme nous le voyons au début, deux hommes de main du patron enterrent vivant un malheureux qui a survécu à son utilité financière.
Sur la base de mes années d’expérience dans l’application de la loi et dans la gestion de divers personnages, je ne peux m’empêcher de penser qu’Ann et Chip ne valent peut-être pas les ennuis qu’ils semblent causer. Cependant, il existe un soupçon tenace à propos d’Ann qui ne disparaîtra pas : Rivera semble convaincue qu’elle cache une fortune substantielle quelque part, malgré ses dénégations. D’après ce que j’ai compris, Ann a un passé assez mouvementé, dont elle préfère ne pas parler. Sa famille au Texas, avec ses nombreux ennemis, l’a laissée dure comme des ongles et ne veut pas accepter les conneries de qui que ce soit. La violence de ce monde l’a endurcie, faisant d’elle quelqu’un qui ne recule pas facilement. Il est clair qu’Ann n’est pas une femme ordinaire, et je ne peux m’empêcher de me demander quels secrets elle pourrait cacher.
Lorsque Chip risque une lourde pénalité pour ne pas s’être exprimé, Ann mobilise ses atouts dormants mais puissants pour rendre une justice sévère à leurs bourreaux. Elle fait appel à un exécuteur du Texas et forme une alliance avec un autre résident (Roc Lafortune), passif mais propriétaire d’armes. Simultanément, Emma, s’appuyant sur le jeune jardinier de l’immeuble (Joe Scarpellino), prend des mesures risquées pour sauver sa grand-mère. Ces associés pourraient cependant s’avérer peu fiables. Pendant ce temps, la position silencieuse de Chip entraîne un lourd tribut, et Ann répond en mobilisant ses ressources pour infliger des représailles à leurs oppresseurs, en sollicitant même l’aide d’un officier du Texas et en se liant d’amitié avec un voisin propriétaire d’armes. Emma, elle aussi, agit clandestinement, faisant appel au jeune jardinier de l’appartement pour une audacieuse tentative de sauvetage de sa grand-mère. Cependant, ces alliés pourraient finalement s’avérer peu fiables.
Se déroulant apparemment à Montréal, ce film anglais évite intentionnellement les détails spécifiques du lieu. La palette de couleurs sombres, les lieux ternes et les intérieurs peu décorés, associés à la cinématographie grand écran de Vlad Horodinca qui présente des compositions épurées mais peu gaies, créent une atmosphère d’anonymat. C’est le genre d’environnement négligé où les individus peuvent facilement disparaître sans attirer l’attention.
À certains moments, on pourrait aspirer à ce que « The G » fasse preuve de plus d’enthousiasme, fasse monter la tension. Cependant, son authenticité presque déprimante élimine effectivement tout sentiment de mélodrame artificiel, donnant au récit un sentiment d’authenticité plutôt que de manipulation. De plus, la performance de Dickey est si puissante qu’elle semble ignorer complètement les sensations fortes. Elle dépeint Ann comme quelqu’un qui a déjà été dans des situations mettant sa vie en danger, et cette conviction est palpable. Même lorsque le film de Hearne se termine par une fin faible et décevante, Dickey y injecte autant d’intensité que possible.
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2024-08-07 21:46