Critique de « The Other Laurens » : un drame policier belge un peu trop poilu

Critique de « The Other Laurens » : un drame policier belge un peu trop poilu

En tant que cinéphile chevronné qui a vu sa part de mystères néo-noirs et de chefs-d’œuvre du cinéma français, je dois avouer que « L’Autre Laurens » m’a laissé un mélange particulier d’intrigue et de perplexité. Ce film est comme un caméléon, changeant de ton d’une scène à l’autre, parfois décalé et frustrant, parfois flou.


Dans « Les Autres Laurens », il n’y a pas de personnage nommé Lauren, mais plutôt des frères jumeaux : François et Gabriel Laurens (Olivier Rabourdin), dont l’un est décédé. Le néo-noir complexe de Claude Schmitz, intitulé « L’Autre Laurens » en français, qui sort de la langue de manière plus attrayante que sa traduction anglaise, est un récit plein de suspense sur l’identité, explorant comment elle peut être mal comprise et fabriquée. Le protagoniste, un détective privé en difficulté, cherche à démêler sa propre identité de celle de son jumeau décédé, un défi bien plus grand que de résoudre le mystère du sort du défunt.

François a connu une fin malheureuse dans un accident de voiture, laissant croire que sa disparition était simple. Cependant, comme dans tout roman policier, la question initiale est de savoir si l’accident était réellement accidentel et, en général, la réponse est prévisible. En rencontrant le jumeau Gabriel pour la première fois, la veuve apparemment nonchalante de François (Kate Moran) remarque : « C’est comme le revoir, mais légèrement flou. » Ce sentiment pourrait également s’appliquer au film lui-même, devenant parfois extrêmement énigmatique et parfois simplement déroutant. Par moments, « The Other Laurens » semble faire écho à la manière dont « The Big Lebowski » et « Inherent Vice » transforment les tropes noirs en humour, mais contrairement à ces films, ce n’est pas une production humoristique.

Parfois, le mélange de tons de ce film peut être intriguant en soi. Contrairement à de nombreux films de ce genre, où le suspense vient du récit lui-même, ici la véritable énigme réside dans la compréhension des intentions du film. L’atmosphère varie considérablement d’une scène à l’autre, et parfois même radicalement. Lorsque « The Other Laurens » laisse son humeur et son style montrer la voie, il peut être merveilleusement excentrique. Cependant, à mesure qu’il approfondit le sérieux, il perd de son efficacité, en particulier lors d’un monologue dramatique qui relie de manière inattendue un moment de ce qui semblait être le pire jour de Gabriel aux événements tragiques du 11 septembre.

Les principaux problèmes de l’histoire ne proviennent pas d’une enquête active de Gabriel, mais plutôt d’individus louches l’identifiant par erreur comme étant François, un homme au passé loin d’être impeccable. Bien qu’il soit entraîné à contrecœur dans la plupart des événements qui lui arrivent, y compris le cas d’une erreur d’identité pour découvrir la vérité, Gabriel ne parvient pas à développer pleinement son arc de personnage. Même si la réticence peut être une caractéristique des protagonistes captivants, la croissance de Gabriel semble insuffisante, arrivant trop tard dans l’histoire, en particulier pour Louise Leroy, son ex-nièce qui se retrouve désormais sans autre option.

Cependant, la photographie de Florian Berutti dans « Les Autres Laurens » est vraiment exceptionnelle, imprégnant le film d’une forte ambiance années 70. Les couleurs vives et les néons chauds et invitants de la nuit créent des visuels saisissants qui semblent brouiller les frontières entre réalité et états oniriques. Cet effet est particulièrement visible lorsque des voitures apparaissent à l’écran ; leurs reflets rouges dansent autour du cadre comme des orbes lumineux, faisant allusion à une présence éthérée que le film a du mal à englober pleinement.

Si tous les autres aspects du film avaient été tout aussi forts, il aurait pu servir d’exemple brillant de son genre au lieu d’une bizarrerie particulière qui fait sourciller. Peut-être que d’autres films réalisés par Laurens auraient retenu l’attention pendant toute la durée de deux heures.

2024-08-28 00:16