Des dirigeants de cinéma de premier plan expliquent l'attrait de l'Europe pour les talents hollywoodiens au sommet de Zurich

En tant qu’observateur chevronné de l’industrie avec des années d’expérience à mon actif, je trouve fascinant d’assister à l’évolution de la dynamique entre l’Europe et Hollywood. Les partenariats stratégiques entre les maisons de production européennes comme Mediawan et Plan B illustrent ce changement, où les deux parties cherchent à tirer parti des forces de chacune pour une croissance mutuelle.

Aujourd’hui, il existe de plus en plus de possibilités de projets de collaboration entre Hollywood et l’Europe, comme l’ont indiqué les principaux représentants de l’industrie cinématographique européenne lors du sommet de Zurich qui s’est tenu le week-end dernier. Cela est dû en grande partie à plusieurs facteurs influents.

Lors du forum de l’industrie du Zurich Film Festival, Vincent Maraval de Goodfellas, Elisabeth d’Arvieu en tant que CEO de Mediawan, Martin Bachmann de Constantin, Christian Vesper de Fremantle et Karl Spoerri de Zurich Avenue ont discuté des nombreux avantages et des perspectives exclusives qu’offre l’Europe. .

La collaboration entre l’industrie européenne et les cinéastes américains à la recherche de projets uniques est depuis longtemps monnaie courante, mais les circonstances actuelles offrent encore plus de possibilités pour de tels partenariats, selon Maraval.

Les studios américains montrent de plus en plus de signes de conservatisme, un fait qui a été souligné. Pour les créateurs contemporains qui se sentent étouffés ou recherchent une plus grande liberté de création, il devient de plus en plus simple de travailler et d’explorer des opportunités à l’étranger.

Il devient également de plus en plus coûteux de produire des films aux États-Unis, comme il l’a souligné. Cette tendance pousse de nombreux producteurs indépendants d’Hollywood à rechercher des alternatives et à voyager à l’étranger pour trouver des solutions de production pour leurs films. Aujourd’hui, ils s’associent fréquemment à des sociétés internationales telles que Mediawan, Federation, Fremantle et Constantin.

Il semble que de plus en plus de possibilités se présentent. Auparavant, en tant qu’indépendants, nous comptions énormément sur ce que les studios nous proposaient car il n’y avait pas grand-chose d’autre avec lequel travailler. Nous disposons désormais de plus de marge de manœuvre pour opérer. Nous nous adressons aux personnes qui estiment que leur vision ou leur création ne prendra peut-être pas vie dans le système de studio traditionnel ou dans l’industrie hollywoodienne.

Au départ, « Emilia Pérez » de Jacques Audiard, le dernier succès de Goodfellas, aurait pu paraître difficile à convaincre, mais Maraval n’a pas trouvé cela difficile du tout.

Cette production est une comédie musicale espagnole réalisée par un Français, mettant en vedette un personnage principal transgenre. En tant qu’entité indépendante, nous nous trouvons obligés de nous aventurer dans des domaines où d’autres ne s’aventurent souvent pas.

Des films comme ceux-ci attirent souvent des acteurs de haut calibre qui ont du mal à trouver de tels rôles à Hollywood, selon Maraval. « Le film ‘Emilia Pérez’, avec Zoe Saldaña et Selena Gomez », en est un exemple. De même, le drame érotique d’Audrey Diwan « Emmanuelle », une autre offre de Goodfellas, vante Naomi Watts.

Des actrices telles que Zoe Saldaña, Selena Gomez ou Naomi Watts jouent souvent des rôles dans des films spécifiques, principalement en raison de l’implication du réalisateur, mais aussi parce que de telles opportunités ne sont pas fréquemment présentées dans leur domaine de travail actuel.

Les acteurs travaillant sur des films européens sont peut-être moins bien payés que leurs homologues hollywoodiens, mais ils sont motivés par le désir de se lancer des défis artistiques, comme l’a souligné Maraval.

Zoe Saldaña est non seulement une danseuse et une chanteuse exceptionnelle, mais, étonnamment, personne ne lui a jamais proposé un rôle dans lequel elle pourrait mettre en valeur ses deux talents à l’écran. Généralement, elle est connue pour ses rôles de personnages bleus ou verts. Cependant, cette fois-ci, elle a pu jouer elle-même, ce qui lui a permis de danser et de chanter. C’était une offre exceptionnelle pour elle.

Les studios hollywoodiens étant réticents à prendre des risques, « nous avons plus de possibilités de faire des films », a-t-il ajouté.

Au fil du temps, Maraval a connu le succès en entreprenant des projets que d’autres personnes ont choisi de ne pas poursuivre.

Dans « La Marche des Pingouins », ils ont fait remarquer qu’il s’agissait d’un documentaire animalier adapté à la télévision mais pas au cinéma. Un scepticisme similaire a entouré « Fahrenheit 9/11 », affirmant que les documentaires n’étaient pas destinés au grand écran. Les mêmes doutes ont été émis sur « Le Voyage de Chihiro », affirmant que l’animation japonaise ne réussirait pas.

Les réalisateurs américains peuvent trouver d’excellentes opportunités de travailler en Europe en collaborant avec des sociétés européennes sur des coproductions. Cette approche permet aux deux parties de tirer parti de leurs atouts individuels tout en accédant à du « soft money », un terme souvent utilisé pour désigner un financement gouvernemental ou privé qui ne nécessite pas de remboursement.

Contrairement aux États-Unis, qui opèrent sur une base de marché plus libérale pour les jeux de hasard, l’Europe utilise une approche mixte. Cette différence nécessite des stratégies créatives de résolution de problèmes qui peuvent échapper aux solutions autonomes à Hollywood.

D’Arvieu partageait des pensées similaires. Le rachat de la société de production de Brad Pitt, Plan B, par Mediawan en 2022 reflète une tendance croissante des entreprises américaines à se développer en Europe, ce qui coïncide avec la volonté de Mediawan de pénétrer le marché américain.

Elle a noté qu’ils étaient particulièrement attirés par le style de travail européen, qui s’écartait de l’approche conventionnelle des studios américains », a-t-elle expliqué.

En tant que passionné, je ne peux m’empêcher d’admirer leur point de vue perspicace sur le potentiel créatif de l’Europe. Avec une abondance de lieux de tournage époustouflants à notre disposition, une richesse d’individus talentueux et un système de réglementation qui favorise la création tout en permettant aux créateurs de conserver la propriété de leur travail, il semble que nous partagions la même vision stratégique.

L’accord, a-t-elle souligné, a été propulsé par une ambition commune – celle qui visait à établir Mediawan aux États-Unis, tout en accordant également au Plan B l’accès à la production européenne.

Plan B a décidé de créer le film familial « Weekend Warriors », basé sur la production allemande populaire « Weekend Rebels ». De plus, ils développent un film en Espagne avec l’une des autres sociétés de Mediawan et collaborent avec une société sœur française pour produire une série en France et au Royaume-Uni, selon d’Arvieu.

Pour commencer, il convient de mentionner que Constantin est très présent aux États-Unis depuis un certain temps déjà. Cette implication ne se limite pas à l’achat de droits, mais s’étend également à la création de projets. Par exemple, la série en cours « Resident Evil » est l’une des productions réalisées sous son aile, comme l’a souligné Bachmann.

En tant que cinéphile, j’ai eu le plaisir de revoir « September 5 », un thriller captivant réalisé par une équipe de presse produit conjointement par une société basée à Munich et le réalisateur suisse Tim Fehlbaum. Ce film a fait sensation dans divers festivals, notamment à Venise, Telluride et maintenant Zurich.

La société participe également à la réalisation du prochain film d’action de science-fiction intitulé « Good Luck, Have Fun, Don’t Die », réalisé par Gore Verbinski et mettant en vedette Sam Rockwell. Elle a notamment collaboré avec Roland Emmerich sur sa série historique « Ceux sur le point de mourir » se déroulant dans la Rome antique, grâce à son partenariat avec High End Productions.

Plus récemment, Constantin a obtenu les droits du roman à succès de Colleen Hoover, « Regretting You », et travaille actuellement sur son adaptation. Josh Boone, connu pour « Nos étoiles contraires », devrait assumer le rôle de réalisateur.

Bachmann a souligné : « Le talent est abondant à l’heure actuelle. » Par exemple, Edward Berger, célèbre pour « All Quiet on the Western Front », a récemment travaillé sur « Conclave », et ce film sera projeté à Zurich.

Les streamers fournissent une plate-forme où les talents peuvent être facilement repérés sans avoir besoin de se rendre à Hollywood, comme il l’a souligné.

Bachmann a expliqué qu’en raison du manque d’intérêt des cinéastes allemands, Emmerich a été contraint de quitter l’Allemagne. Finalement, il a démarré sa carrière à Los Angeles avec la sortie de « Universal Soldier » en 1992.

Auparavant, vous deviez déménager à Los Angeles. Cependant, ce n’est plus une nécessité. De nos jours, les films et les cinéastes sont de plus en plus reconnus pour l’ensemble de leur portefeuille d’œuvres.

Alors que je me retrouve immergé dans la scène animée de Zurich Avenue, je suis fier de contribuer à sa réputation croissante de parfait collaborateur suisse pour les productions cinématographiques internationales.

La société travaille actuellement sur les premières étapes du tournage de « Switzerland », un film réalisé par Anton Corbijn, dans lequel Helen Mirren incarne la célèbre auteure Patricia Highsmith.

Spoerri a déclaré : « Cette histoire se déroule ici, mais la Suisse présente un cadre de tournage assez difficile en raison de ses coûts élevés, et il n’y a pas beaucoup d’incitations proposées. »

Même malgré les obstacles, il est possible de faire en sorte que les productions se déroulent efficacement. C’est quelque chose que nous aimons faire, car nous pensons que Zurich, en particulier, possède un grand potentiel de croissance et de développement, même s’il est quelque peu sous-exploité.

2024-10-06 22:47