L’ascension et la chute de la première femme présidente de Slovaquie illustrées dans « Ms. Présidente » : elle a fait face à une « atmosphère agressivement misogyne »

L'ascension et la chute de la première femme présidente de Slovaquie illustrées dans « Ms. Présidente » : elle a fait face à une « atmosphère agressivement misogyne »

En tant que cinéphile passionnée par la politique et ayant un faible pour les dirigeants pionniers, je suis profondément émue par l’histoire de Zuzana Caputova, la première femme présidente de la Slovaquie. Après avoir regardé « Mme la Présidente », je peux attester des paroles de Sulik : Caputova est en effet une espèce rare de politicienne qui incarne l’ouverture, la transparence et la décence.


Zuzana Caputova a accédé à la présidence slovaque suite à une vague de mécontentement face à la corruption, et sa victoire a marqué l’optimisme d’innombrables concitoyens. Cinquante ans après son élection en 2019, Caputova a choisi de démissionner de son poste de dirigeante au lieu de persister dans la lutte contre la corruption. Selon Marek Sulik, réalisateur de « Mme Présidente », qui retrace son ascension et sa descente, Caputova n’a pas été motivée par le pouvoir en soi.

Au Festival du film documentaire de Ji.hlava, Sulik a fait remarquer : « Zuzana Caputova possède un don intrigant pour rester authentique ». Le festival a débuté vendredi avec la projection du film.

La victoire surprenante de Caputova découle des protestations et de l’indignation généralisées qui ont suivi l’assassinat à contrat du journaliste slovaque Jan Kuciak et de sa partenaire Martina Kusnirova en 2018. L’enquête sur leurs meurtres a révélé des liens entre le crime organisé et de hauts responsables du gouvernement slovaque de l’époque, menée par le Premier ministre Robert Fico.

En tant que cinéphile témoin du drame politique qui se déroule en Slovaquie, je peux affirmer avec certitude que l’éviction inattendue de leur président a suscité un enthousiasme sans précédent parmi les citoyens, qui rappelle l’énergie générée par la Révolution de velours de 1989.

En tant que présidente, Caputova – défenseure des droits de l’homme et avocate – s’est heurtée à un obstacle après l’autre. De plus, sa présidence et sa famille ont fait l’objet de messages de menaces.

Sulik affirme que l’histoire en cours en Slovaquie reflète les événements qui se produisent à l’échelle mondiale. Il exprime son inquiétude face à la prise du pouvoir par les nationalistes et les populistes, une situation qu’il juge indésirable.

Caputova a rencontré des défis similaires à ceux rencontrés par Kamala Harris lors de sa campagne présidentielle, selon l’analyse de Sulik.

Elle aussi a été confrontée à « un environnement extrêmement sexiste au sein de la société », comme le souligne Sulik. « Dans ces circonstances, être une femme politique s’est avéré particulièrement difficile. Je pense que son épuisement était palpable après cinq ans de service.

Concernant les implications de la démission de Caputova, la réalisatrice exprime : « C’est malheureux, mais il semble que les populistes aient à nouveau le contrôle. Cela semble presque irréel, comme l’intrigue d’un film décevant intitulé « La résurgence des sans scrupules ».

Dans une affirmation, Sulik souligne que la pionnière présidente de Slovaquie, ce qui est rare parmi les femmes dirigeantes d’Europe de l’Est, a toujours adhéré à ses principes fondamentaux.

Acquérant des connaissances de première main grâce au processus de tournage, il a développé un aperçu unique de la personnalité de Caputova – des traits rarement observés chez de nombreux dirigeants nationaux.

Sulik mentionne qu’il apprécie son honnêteté, sa clarté et son intégrité lors de leurs conversations », dit-il. « Elle n’a pas eu recours à des tactiques manipulatrices lors du premier débat, et elle ne l’a jamais fait par la suite.

Tout au long de la campagne de Caputova, de son investiture et de tout son mandat, Sulik affirme avoir eu un accès exceptionnel au palais présidentiel.

Selon Sulik, le départ de Caputova constitue un revers important. « Sur le plan personnel, sa décision de ne pas me représenter a été pour moi très décevante. D’un point de vue social, cela signifie perdre un allié crucial parmi les forces démocratiques.

Le facteur déterminant dans la fin de sa présidence pourrait bien avoir été ses idéaux, estime Sulik.

D’après ce que j’ai compris, Zuzana Caputova est connue pour sa nature méticuleuse. Contrairement à de nombreux hommes politiques, elle a toujours maintenu une position indépendante à l’égard de l’autorité politique. En même temps, elle entretient un lien familial profond. Sa préoccupation s’étend au bien-être de ceux qui lui sont les plus chers.

Dans un premier temps, elle a exprimé son intention non pas de gouverner mais d’aider. Cependant, je crois qu’elle a eu du mal à trouver de nombreux collègues politiques, en particulier ceux qui sont activement impliqués, qui partagent ce point de vue. Par conséquent, je soupçonne qu’elle se sentait souvent isolée.

2024-10-27 18:47