Revue de « The Last Front » : un mélodrame captivant de la Première Guerre mondiale à l’ancienne, composé de civils courageux et d’envahisseurs méprisables

Revue de « The Last Front » : un mélodrame captivant de la Première Guerre mondiale à l'ancienne, composé de civils courageux et d'envahisseurs méprisables

En tant que cinéphile chevronné ayant passé d’innombrables heures immergé dans la riche tapisserie des films de guerre, je dois dire que « The Last Front » est un ajout convaincant et engageant à ce genre. Le titre est peut-être trompeur, mais une fois qu’on se penche sur son récit, il devient évident que ce film est tout sauf ordinaire.


Le titre de « Le Dernier Front » pourrait être le seul point qui suscite la perplexité. Cette histoire, qui se déroule au début de la Première Guerre mondiale, dépeint l’invasion chaotique des troupes allemandes dans la campagne belge, servant de champ de bataille au milieu d’un conflit prolongé qui a duré encore quatre ans. Au-delà de cela, le premier film de Julien Hayet-Kerknawi est un drame robuste et captivant aux accents vintage. Malgré l’intention du créateur d’éviter le récit classique du bien contre le mal, le film semble fortement influencé par les dichotomies très morales qu’il visait à éviter, rappelant les productions chargées de propagande des studios pendant les deux guerres mondiales.

La dynamique de cette histoire peut parfois virer au prévisible ou à un drame excessif. Cependant, « The Last Front », désormais disponible en version limitée chez Enigma, surmonte habilement ces pièges potentiels. Il génère effectivement du pouvoir à travers une confrontation classique entre des civils assiégés, dirigés par le chef initialement résistant de Iain Glen qui est un agriculteur, et Joe Anderson en tant qu’officier particulièrement répugnant servant sous les ordres du Kaiser. Bien qu’il ne figure peut-être pas parmi les films de guerre d’époque les plus exceptionnels de ces derniers temps, son récit simple, parfois brutalement brut, et sa qualité de production solide séduiront certainement ceux qui recherchent quelque chose au-delà de la simple action de combat.

L’histoire s’ouvre en août 1914, alors que les soldats allemands, fraîchement déclarés de guerre, traversent la Flandre vers ce qu’ils croient être une prise de contrôle de la France sans effort. La ville qu’ils traversent est inhabituellement silencieuse, les habitants choisissant de se cacher derrière des portes closes et des volets fermés plutôt que de saluer les envahisseurs. Cependant, un seul coup de feu résonne, coûtant la vie à un soldat. On a découvert plus tard que ce coup de feu avait été tiré par un adolescent local effrayé agissant de manière indépendante. En réponse, le lieutenant Laurentz (Anderson) exige des représailles brutales en saccageant les maisons et en exécutant par peloton d’exécution toute personne qui s’y trouve, y compris les femmes et les enfants. Cet acte de violence ne plaît pas à son supérieur (et père), le commandant Maximilian (Philippe Brenninkmeyer), qui arrive trop tard pour arrêter l’effusion de sang.

Dans une ville voisine, la guerre n’a pas encore fait irruption. Au lieu de cela, le principal problème pour les deux familles est une relation illicite entre Adrien (James Downie) et Louise (Sasha Luss). Leurs pères, Leonard Lambert (Glen), un agriculteur veuf, et le Dr Janssen (Koen De Bouw), un homme riche, désapprouvent cette union en raison de différences de classe profondément enracinées.

Cependant, peu de temps après, des problèmes plus urgents se posent pour tout le monde, alors que les Allemands viennent s’emparer des ressources de la ferme familiale. Laurentz, dur et sadique, transforme rapidement une rencontre tendue en une rencontre mortelle. Lorsque la nouvelle de cette brutalité insensée parvient au village voisin, ses habitants se retrouvent face à un dilemme : s’ils doivent s’échapper, se cacher ou riposter. Une rumeur sans fondement qualifie Leonard de leader d’un mouvement de résistance clandestin – contraint par les circonstances, il finit par assumer ce rôle.

Même s’il est un peu choquant de constater que les personnages principaux semblent plutôt britanniques, Adrien s’exclamant « Oy! » lorsqu’ils sont bouleversés, les performances habiles et le développement quelque peu superficiel du personnage suffisent à ignorer cela. Le récit rapide de « Le Dernier Front » évite généralement de devenir un problème, ralentissant légèrement lorsque les protagonistes restants traversent la campagne en courant, essayant d’atteindre la France avant que leurs ennemis ne les rattrapent. Cette brève pause de tension est rapidement résolue par une finale d’action captivante, avec des visuels nocturnes atmosphériques qui mettent magnifiquement en valeur la superbe cinématographie de Xavier Van D’huynslager.

Dans cette production, nous avons des amants condamnés à la blondeur angélique et un antagoniste impitoyable du « sale Hun », qui pourrait facilement sombrer dans le cliché sentimental. Cependant, le scénario de Hayet-Kerknawi et Kate Wood contourne habilement ces pièges en s’appuyant sur les idées de leur court métrage de 2015 « A Broken Man ». Malgré un moment de logique discutable où le sévère commandant, malgré sa désapprobation, n’intervient pas lorsque son fils-lieutenant voyou provoque une telle destruction généralisée, surtout après avoir été qualifié de « monstre » par son père. Néanmoins, Anderson façonne magistralement un adversaire intense, suscitant de fortes émotions chez les téléspectateurs, un peu comme Erich von Stroheim l’a fait dans les mélodrames de la Première Guerre mondiale il y a plus d’un siècle, ce qui lui a valu le titre « L’homme que vous aimez détester ».

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une grande épopée de guerre, elle a été soigneusement conçue dans tous ses aspects, de la conception à la technologie. Frederik Van de Moortel propose une bande-son orchestrale appropriée qui reflète tout le reste du film – un écho familier mais efficace – tout en capturant la tension et l’ambiance nécessaires.

2024-08-09 00:46