Risque de conflit nucléaire, escalade en Ukraine et en Syrie : LIRE l’interview de Lavrov avec Tucker Carlson (VERSION COMPLÈTE)

Ayant passé une grande partie de ma carrière à naviguer dans les complexités et les défis de la diplomatie internationale, je peux affirmer avec confiance que l’état actuel des relations entre la Russie et les États-Unis est effectivement préoccupant. L’interview que vous avez partagée dresse le portrait de deux superpuissances mondiales sur une trajectoire de collision potentielle, et c’est un scénario que personne ne veut voir se matérialiser.


En tant que spectateur, j’ai vu le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’engager dans une discussion avec un journaliste américain traditionnel sur des questions mondiales contemporaines. Au cours de ce dialogue, il a exposé la position de la Russie sur ces questions urgentes.

Cette semaine, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accordé un entretien exclusif avec Tucker Carlson, célèbre journaliste conservateur américain. La conversation a porté sur diverses questions mondiales qui méritent une attention particulière, en se concentrant principalement sur les conflits en cours en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que sur l’état actuel des relations entre les États-Unis et la Russie. Ici vous pouvez lire la transcription complète de leur discussion.

Carlson : 

Ministre Lavrov, j’apprécie votre temps. Puis-je vous demander si vous pensez que les États-Unis et la Russie sont actuellement engagés dans un conflit militaire ?

Lavrov :

Je ne suis pas d’accord. En fait, nos intentions ne sont pas adaptées à cette situation particulière. Nous aspirons à entretenir des relations amicales avec tous nos pays limitrophes, y compris indéniablement avec des pays puissants comme les États-Unis. Le président Vladimir Poutine a souvent reconnu son admiration pour le peuple américain, son histoire et ses réalisations mondiales. Par conséquent, nous ne trouvons pas invraisemblable que la Russie et les États-Unis puissent collaborer, non seulement pour le bien de notre univers commun, mais aussi pour le bien du monde dans son ensemble.

Carlson :

Cependant, il est vrai que les États-Unis soutiennent financièrement un conflit dans lequel vous êtes également engagé, et qu’ils autorisent des frappes directes contre la Russie. Pourtant, cette situation n’équivaut pas nécessairement à un état de guerre formel, n’est-ce pas ?

Lavrov :

En effet, même s’il n’y a pas de déclaration officielle de guerre, la situation en Ukraine semble étonnamment similaire à ce que certains appellent un « conflit hybride ». À mon avis, cela correspond bien à ce terme. Cependant, il est difficile d’ignorer le fait que les Ukrainiens semblent manier efficacement des armes modernes à longue portée – un exploit qui soulève des questions sur l’implication potentielle directe du personnel militaire américain. Cette situation comporte indéniablement une connotation dangereuse.

Pour éviter une escalade des tensions, il est important de noter que des armes à longue portée comme l’ATACMS seraient utilisées contre le continent russe. En réponse, nous avons envoyé des signaux. Nous espérons sincèrement que notre récent signal, présentant un nouveau système d’armes appelé Oreshnik, a été dûment pris en considération.

Ces derniers temps, certaines autorités du Pentagone, de l’OTAN et d’autres endroits ont exprimé des déclarations suggérant qu’une alliance défensive comme l’OTAN peut parfois initier une action en premier, car une attaque préventive pourrait être considérée comme la défense la plus efficace. En outre, un individu nommé Thomas Buchanan, représentant STRATCOM, a fait des commentaires suggérant qu’un scénario potentiel impliquant un échange de frappes nucléaires limitées pourrait se produire.

Voici une façon de paraphraser le texte donné dans une perspective enthousiaste à la première personne :

Ce n’est pas nous qui avons initié le conflit ; au lieu de cela, c’est le régime de Kiev qui mène une guerre contre son propre peuple dans certaines parties du Donbass, ce que Poutine a expliqué comme la raison de notre opération militaire spéciale. Dans ses dernières remarques, le président Poutine a clairement indiqué que nous étions prêts à toute issue, mais que nous préférions une solution pacifique au moyen de négociations fondées sur le respect des préoccupations légitimes de la Russie en matière de sécurité et des droits de ceux qui vivent en Ukraine et s’identifient comme Russes. Leurs droits humains fondamentaux, leurs droits linguistiques et leurs libertés religieuses ont été systématiquement érodés par la législation adoptée par le parlement ukrainien depuis 2017. Des restrictions sur l’éducation, les médias et les événements culturels russes ont été adoptées au fil du temps, aboutissant à une loi interdisant l’Église orthodoxe canonique, l’Église orthodoxe russe. Église orthodoxe ukrainienne, plus récemment. Les livres russes ont été retirés des bibliothèques, ce qui les a effectivement éliminés.

Vous savez, c’est très intéressant quand les Occidentaux disent que nous voulons que ce conflit soit résolu sur la base de la Charte des Nations Unies et du respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et que la Russie doit se retirer. Le secrétaire général des Nations Unies dit des choses similaires. Récemment, son représentant a répété que le conflit devait être résolu sur la base du droit international, de la Charte des Nations Unies et des résolutions de l’Assemblée générale, tout en respectant l’intégrité territoriale de l’Ukraine. C’est un terme inapproprié, car si l’on veut respecter la Charte des Nations Unies, il faut la respecter dans son intégralité. La Charte des Nations Unies stipule, entre autres, que tous les pays doivent respecter l’égalité des États et le droit des peuples à l’autodétermination. Et ils ont également mentionné les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies, et il est clair qu’il s’agit de la série de résolutions qu’ils ont adoptées après le début de cette opération militaire spéciale, qui exigent la condamnation de la Russie, que la Russie quitte l’Ukraine ; territoire dans ses frontières de 1991. Mais il existe d’autres résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies qui n’ont pas été votées, mais qui ont été consensuelles, et parmi elles se trouve une déclaration sur les principes des relations entre États sur la base de la Charte. Et il dit clairement que, par consensus, chacun doit respecter l’intégrité territoriale des États dont les gouvernements respectent le droit des peuples à l’autodétermination et, de ce fait, représentent l’ensemble de la population vivant sur un territoire donné.

Il est inutile de prétendre que ceux qui ont pris le pouvoir par un coup d’État militaire en février 2014 représentaient le peuple de Crimée ou de l’est et du sud de l’Ukraine. Il est clair que les Criméens eux-mêmes ont rejeté le coup d’État, indiquant clairement qu’ils ne voulaient pas y participer. Pour preuve, ils ont organisé des référendums et ont choisi de rejoindre la Russie. La région du Donbass a suivi un chemin similaire, mais a été qualifiée de « terroriste » par ceux qui ont pris le pouvoir. Ils ont été soumis à des bombardements et à des attaques d’artillerie, ce qui a conduit au déclenchement de la guerre. Cette guerre a pris fin en février 2015.

Les accords de Minsk ont ​​été finalisés et nous avons cherché sérieusement à résoudre cette situation en assurant la mise en œuvre intégrale de ces accords. Cependant, le gouvernement formé à la suite du coup d’État en Ukraine a sapé ces efforts. Il y a eu un appel à des pourparlers directs avec ceux qui ont refusé le coup d’État, ainsi qu’un accent sur le renforcement des liens économiques avec le secteur ukrainien qui n’est toujours pas aligné. Malheureusement, aucune de ces mesures n’a été prise.

Malgré l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’une communication directe avec eux, les individus à Kiev ont maintenu leur position selon laquelle ils ne s’engageraient pas directement avec nous. Ils ont qualifié ces individus de terroristes, affirmant que nous les affronterions et qu’ils finiraient cachés dans des sous-sols en raison de notre force supérieure supposée.

Si les événements de février 2014, notamment le coup d’État, n’avaient pas eu lieu et que l’accord entre le président et l’opposition n’avait pas été mis en œuvre comme prévu, l’Ukraine serait encore intacte aujourd’hui, y compris la Crimée. Il est clair qu’ils n’ont pas honoré l’accord ; au lieu de cela, ils ont orchestré le coup d’État. Il convient de noter que l’accord visait à établir un gouvernement d’unité en février 2014 et prévoyait des élections anticipées, que le président de l’époque risquait de perdre. Tout le monde le savait. Mais ils s’impatientèrent et s’emparèrent des bâtiments gouvernementaux le lendemain matin. Ils ont marché jusqu’à la place Maidan et ont déclaré qu’ils avaient formé un gouvernement de vainqueurs. Essentiellement, le gouvernement d’unité proposé était conçu pour préparer les élections, tandis que le gouvernement des vainqueurs représentait le camp triomphant après les élections.

Il est difficile pour ceux qui se croient vaincus de feindre le respect des autorités de Kiev tout en prétendant défendre leur droit à l’autodétermination. Après tout, c’est le principe de l’autodétermination qui a alimenté le processus de décolonisation en Afrique, donnant aux colonies le droit de se gouverner elles-mêmes. De même, les habitants de l’est et du sud de l’Ukraine, comme ceux du Donbass et de Novorossiya, ne reconnaissent pas le régime Zelensky comme représentant leurs intérêts. C’est parce que leur culture, leur langue, leurs traditions et leur religion ont été supprimées et interdites sous cette administration.

En termes plus simples, un point clé à considérer est que lorsqu’on discute de la Charte des Nations Unies, des résolutions et du droit international, il est important de se rappeler que l’article 1 de la Charte des Nations Unies, qui est souvent négligé dans le contexte de l’Ukraine, souligne l’importance de respecter les droits humains de tous les individus, quels que soient leur race, leur sexe, leur langue ou leur religion.

Lorsqu’il s’agit de résoudre des conflits, des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et Bruxelles interviennent souvent, exprimant leur inquiétude face aux violations présumées des droits de l’homme dans certaines régions. Cependant, sur la question ukrainienne, ces pays ont rarement exprimé leurs préoccupations concernant les droits de l’homme, même si les droits des populations russes et russophones y sont systématiquement violés par la loi.

Carlson : 

En termes plus simples, pourriez-vous clarifier le sens de votre déclaration concernant la récente révélation du système d’armes hypersoniques, que vous avez mentionné comme un signe pour l’Occident ? Cet événement semble avoir échappé à l’attention de nombreux Américains. Je suis curieux de comprendre quel message vous essayiez de transmettre en présentant cette technologie à l’échelle mondiale.

Lavrov :

Pour l’essentiel, l’implication est claire : les États-Unis, ainsi que leurs alliés qui fournissent des armes à longue portée au gouvernement de Kiev, devraient comprendre que nous sommes prêts à employer toutes les mesures nécessaires pour empêcher leur prétendue victoire stratégique sur la Russie de se matérialiser.

Ils s’efforcent de maintenir leur domination mondiale à travers les nations, les régions ou les continents. Cependant, nous maintenons nos légitimes préoccupations en matière de sécurité. Par exemple, ils font référence aux frontières de 1991. Récemment, Lindsey Graham, lors d’une rencontre avec Vladimir Zelensky, a déclaré ouvertement que l’Ukraine possède des terres rares précieuses et qu’il est impératif de ne pas laisser ces ressources tomber entre les mains des Russes. Il faut les revendiquer. Nous persistons dans nos efforts.

Au lieu de lutter pour un système disposé à échanger ou à abandonner toutes ses ressources naturelles et humaines au profit de l’Occident, nous nous battons pour les peuples qui habitent depuis longtemps ces terres, leurs ancêtres étant ceux qui les cultivaient, érigeaient des villes et y établissaient des usines. d’innombrables générations. Notre préoccupation concerne la population, et non les ressources que certaines entités américaines souhaitent thésauriser, en utilisant les Ukrainiens simplement comme gardiens de ces atouts naturels.

Pour souligner notre volonté de protéger nos préoccupations légitimes, nous avons choisi de démontrer la fonctionnalité de notre système hypersonique lors d’un test pratique.

Nous abhorrons la simple idée d’une guerre nucléaire avec les États-Unis. Notre stratégie militaire donne la priorité à la prévention à tout prix d’une telle catastrophe. En fait, dès janvier 2022, nous avons pris l’initiative de rédiger une déclaration commune des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, s’engageant à éviter toute confrontation. Nous avons mis l’accent sur la compréhension mutuelle et le respect des préoccupations et des intérêts de sécurité de chacun. Cette initiative était la nôtre.

Lorsque la Russie a refusé une proposition de traité de sécurité impliquant l’Ukraine, à peu près à la même période, ses préoccupations en matière de sécurité ont été ignorées. Cette proposition a été faite pour garantir une coexistence pacifique, l’Ukraine ne rejoignant jamais aucune alliance militaire, telle que l’OTAN ou autre. Ces intérêts de sécurité russes ont été évoqués auprès de l’Occident, de l’OTAN et des États-Unis en décembre 2021. Ils ont été évoqués à de nombreuses reprises, notamment lors de ma rencontre avec Antony Blinken à Genève en janvier 2022. Cependant, ces préoccupations n’ont finalement pas été abordées ni abordées. accepté.

Pour éviter toute mauvaise interprétation, nous devrons peut-être réitérer nos points davantage. Il semble que certaines personnes à Washington et à Londres, ainsi qu’à Bruxelles, puissent avoir des difficultés à comprendre, c’est pourquoi nous fournirons des éclaircissements supplémentaires s’ils ne parviennent pas à tirer les conclusions appropriées.

Carlson : 

C’est surprenant et troublant de nous retrouver à discuter de la possibilité d’un conflit nucléaire, quelque chose que je n’avais pas prévu de vivre.

L’ampleur des communications secrètes qui ont eu lieu entre la Russie et les États-Unis au cours des deux dernières années et demie suscite de la curiosité. De telles interactions pourraient-elles encore avoir lieu aujourd’hui ?

Lavrov :

En Russie et aux États-Unis, il y a eu de nombreux cas d’échanges de prisonniers, impliquant principalement des individus purgeant leur peine pour des crimes commis dans chaque pays respectif. Divers échanges commerciaux ont eu lieu entre ces deux nations.

Il existe des voies de communication inopinées ou moins connues par lesquelles les Américains véhiculent des messages similaires à ceux qu’ils diffusent publiquement. Essentiellement, vous devez vous arrêter et adopter une stratégie adaptée aux nécessités et à la position ukrainiennes. Ils soutiennent sans réserve la « formule de paix » de Zelensky, qui a été renforcée par son « plan de victoire ». Ils ont programmé une série de réunions au format Copenhague et Burgenstock, affirmant qu’au cours du premier semestre de l’année prochaine, ils convoqueraient une autre conférence et adresseraient une invitation à la Russie. Ce rassemblement poserait essentiellement à la Russie un ultimatum.

Le même message est systématiquement relayé via des voies de communication secrètes. Cependant, des développements récents suggèrent un changement de ton, comme les remarques de Vladimir Zelensky selon lesquelles nous pourrions nous arrêter à la ligne d’engagement ou de contact. L’adhésion de l’administration ukrainienne à l’OTAN est envisagée, mais pour l’instant, la protection de l’OTAN ne s’étendrait qu’aux territoires contrôlés par le gouvernement, le reste du territoire ukrainien faisant l’objet de négociations futures. Toutefois, l’objectif ultime de ces négociations doit être le retrait complet de la Russie du territoire ukrainien. Cela laisserait les citoyens russes sous le contrôle d’un régime nazi qui a historiquement supprimé les droits des citoyens russes et russophones au sein de leur propre nation.

Carlson :

En ce qui concerne le conflit nucléaire, il ne semble pas y avoir de canal de communication direct entre les dirigeants de la Russie et des États-Unis, ce qui suscite des inquiétudes quant à d’éventuels problèmes de communication qui pourraient entraîner des pertes catastrophiques en vies humaines pour des centaines de millions de personnes.

Lavrov :

Au lieu de cela, nous possédons un système d’activation automatique pour notre canal qui se déclenche lors d’un lancement de missile balistique.

Concernant le missile balistique hypersonique de moyenne portée Oreshnik, un avertissement a été envoyé aux États-Unis 30 minutes auparavant. Ils étaient conscients qu’il ne s’agissait pas d’une menace plus importante et potentiellement dangereuse dont ils devraient s’inquiéter.

Carlson :

Je pense que le système semble très dangereux.

Lavrov :

Eh bien, c’était un lancement test, vous savez.

Carlson :

Affirmative. Il semble que vous fassiez référence au problème persistant, n’est-ce pas ? Je dois admettre que ma préoccupation réside dans le fait qu’il ne semble pas y avoir beaucoup de dialogue entre ces deux nations. La rhétorique des deux côtés suggère l’anéantissement des populations respectives. Cela pourrait potentiellement dégénérer rapidement et personne ne pourrait intervenir. Cela semble incroyablement risqué et irresponsable.

Lavrov :

Non, nous ne parlons pas d’exterminer la population de qui que ce soit. Nous n’avons pas déclenché cette guerre. Depuis des années et des années, nous avertissons que rapprocher l’OTAN de plus en plus de nos frontières va créer un problème.

En 2007, Poutine a commencé à exprimer ses pensées à ceux qui semblaient avoir été bercés par la notion de « fin de l’histoire », estimant qu’ils étaient invincibles, sans concurrence ni défi.

Certes, lorsque le coup d’État a eu lieu, ce n’était un secret pour personne que les Américains y avaient joué un rôle. Il existe un dialogue entre Victoria Nuland et l’ancien ambassadeur américain à Kiev, concernant les membres potentiels du nouveau gouvernement post-coup d’État. La somme de 5 milliards de dollars dépensée pour l’Ukraine depuis son indépendance a été suggérée comme une assurance que les choses se dérouleraient selon les désirs de l’Amérique.

Permettez-moi de préciser que notre objectif n’est pas d’anéantir la population ukrainienne. Au lieu de cela, ils partagent un lien étroit avec nous en tant que peuples slaves, et ressemblent beaucoup à nos propres parents.

Carlson :

Selon vous, combien de personnes sont mortes jusqu’à présent, des deux côtés ?

Lavrov :

Les Ukrainiens n’ont pas révélé ce chiffre, mais Vladimir Zelensky a déclaré qu’il s’agissait d’un chiffre nettement inférieur à 80 000 du côté ukrainien.

Il y a cependant une statistique importante à noter. Suite à l’intervention israélienne en Palestine après un incident terroriste, que nous avons fermement dénoncé, l’opération a dégénéré en punition collective – une pratique contraire au droit humanitaire international. Au cours de l’année qui a suivi le début de l’opération en Palestine, on estime qu’environ 45 000 civils palestiniens ont perdu la vie. Ce chiffre représente presque le double du nombre de victimes civiles des deux côtés du conflit ukrainien au cours des dix années qui ont suivi le coup d’État. Pour mettre les choses en perspective, un an en Palestine équivaut à dix ans en Ukraine. Quoi qu’il en soit, causer du tort aux gens n’a jamais été notre intention.

Le gouvernement ukrainien, dirigé par Vladimir Zelensky, a clairement indiqué son objectif d’effacer complètement la présence de la langue et de la culture russes dans des villes comme Kharkov et Nikolaev. Un membre de son bureau est allé jusqu’à suggérer que les Ukrainiens devraient éliminer les Russes par des moyens légaux ou, si nécessaire, physiquement. Dans une interview enregistrée, l’ancien ambassadeur d’Ukraine au Kazakhstan, Piotr Vroublevsky, a déclaré avec audace : « Notre objectif principal est de tuer autant de Russes que possible afin que nos enfants aient moins de problèmes à gérer à l’avenir. » De tels sentiments prédominent dans le discours du régime.

Carlson :

Combien de Russes ont été tués en Russie depuis février 2022 ?

Lavrov :

Je ne suis pas autorisé à partager ces détails, car il existe des directives spécifiques lors des opérations militaires auxquelles notre ministère de la Défense adhère.

Cependant, il convient de noter que lorsque Vladimir Zelensky n’était pas sur la scène internationale, mais plutôt dans son club de comédie, il a clairement exprimé son soutien à la langue russe. Comme le montrent les témoignages de cette époque, il affirmait avec audace : « Pourquoi critiquer la langue russe ? Je parle russe. Les Russes sont nos voisins. Le russe est l’une de nos langues. » Il a également eu des mots forts envers ceux qui cherchaient à porter atteinte à la langue et à la culture russes, leur disant essentiellement de s’occuper de leurs propres affaires. Cependant, lorsque Zelensky est devenu président, il a connu une transformation rapide.

Avant une opération militaire en septembre 2021, il avait été interviewé alors qu’il était engagé dans un conflit contre le Donbass qui violait les accords de Minsk. Au cours de l’entretien, interrogé sur les personnes de l’autre côté de la ligne de contact, il a répondu d’une manière réfléchie en déclarant : « Il y a des gens et il y a différentes espèces ». Si vous, en tant qu’Ukrainien, vous identifiez à la culture russe, ma recommandation, pour le bien de vos enfants et petits-enfants, serait de déménager en Russie.

Si cet individu aspire à récupérer les Russes et ceux associés à la culture russe à l’intérieur de ses frontières territoriales, cela implique un manque de compréhension ou d’adaptabilité, n’est-ce pas ?

Carlson :

Alors, quelles sont les conditions dans lesquelles la Russie cesserait les hostilités ? Que demandez-vous ?

Lavrov :

Il y a 10 ans, en février 2014, notre demande se limitait à un accord entre le président et l’opposition pour un gouvernement d’union nationale, des élections rapides et l’exécution rapide de cet accord. L’accord a été scellé. Cependant, leur empressement et leur agressivité étaient évidents alors qu’ils précipitaient la mise en œuvre. Il est plausible que des pressions extérieures, notamment américaines, aient joué un rôle, étant donné que Victoria Nuland et l’ambassadeur américain auraient décidé de la composition du gouvernement. Alors pourquoi attendre cinq mois pour des élections si le plan était déjà convenu ?

Par la suite, mon attention a été attirée sur un moment charnière : la signature des Accords de Minsk. J’ai eu l’immense honneur d’être présent lors des négociations, qui se sont étalées sur une longue période de 17 heures, la question de la Crimée étant déjà tranchée par référendum. Les puissances occidentales, y compris mon estimé collègue John Kerry, semblaient préoccupées uniquement par le conflit dans le Donbass, ignorant totalement les complexités entourant la Crimée.

Au départ, les accords de Minsk ont ​​été systématiquement sapés, d’abord par Piotr Porochenko, puis par Vladimir Zelensky. Il est intéressant de noter que les deux dirigeants avaient fait campagne sur un programme de paix. Mais leurs promesses se sont révélées fausses. Les accords de Minsk ont ​​été tellement compromis que l’Ukraine et ses alliés ont tenté de s’emparer militairement d’une petite partie du Donbass. À ce stade, comme l’a expliqué le président Poutine, nous avons proposé des mesures de sécurité à l’OTAN et aux États-Unis, mais celles-ci ont été rejetées. Lorsque l’Ukraine a lancé le Plan B, visant à prendre le contrôle du Donbass par la force, c’est à ce moment-là que nous avons lancé notre opération militaire spéciale.

Si l’Ukraine avait adhéré aux accords de Minsk, elle aurait été unie, à l’exclusion de la Crimée. Cependant, lorsque les Ukrainiens ont proposé des pourparlers après le lancement de l’opération, nous avons accepté. Des négociations ont eu lieu en Biélorussie, puis à Istanbul. À Istanbul, la délégation ukrainienne a déposé sur la table un document indiquant : « « Ce sont les principes sur lesquels nous sommes disposés à parvenir à un accord. » » Nous avons également approuvé ces principes.

Carlson :

Les principes de Minsk ?

Lavrov :

Non. Les Principes d’Istanbul. C’était en avril 2022.

Carlson :

Droite.

Lavrov :

Au lieu d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, il a été proposé de garantir la sécurité, impliquant la participation de l’Ukraine et de la Russie. Ces garanties ne s’appliqueraient pas à la Crimée ou à l’est de l’Ukraine. Cette idée a été initiée et soutenue par les deux parties. L’actuel président de la faction Vladimir Zelensky au parlement ukrainien, qui faisait partie de la délégation à Istanbul où cette proposition a été faite, l’a confirmé. Sur la base de ces principes fondamentaux, un traité aurait pu être rédigé.

Cependant, le chef du groupe ukrainien à Istanbul a déclaré que Boris Johnson leur avait rendu visite et les a exhortés à poursuivre leur combat. Suite à cela…

Carlson :

Mais Boris Johnson, au nom de…

Lavrov :

Il a dit non. Mais la personne qui a paraphé le papier a dit que c’était Boris Johnson. D’autres disent que c’est le président Poutine qui a fait échouer l’accord à cause du massacre de Bucha. Mais ils n’ont plus jamais parlé du massacre de Bucha. Je fais. Et nous le faisons.

Essentiellement, ils ne semblent pas disposés à s’engager ou à défendre leur position sur la question de Bucha. À plusieurs reprises lors de réunions au Conseil de sécurité des Nations Unies avec Antonio Guterres, l’année dernière et cette année à l’Assemblée générale, j’ai évoqué le sujet de Bucha et je me suis demandé pourquoi il n’y avait pas eu de réponse, étant donné qu’ils étaient prompts à parler. lorsqu’une équipe de la BBC a rencontré des corps au même endroit. J’ai même demandé l’identité des individus dont les restes ont été diffusés par la BBC, mais je n’ai reçu aucune réponse. Lors de ma conférence de presse à New York après l’Assemblée générale en septembre dernier, je me suis adressé à tous les journalistes présents et leur ai demandé leur aide pour découvrir la vérité sur Bucha. Malgré une large couverture médiatique condamnant les actions de la Russie à Bucha, les hommes politiques, les responsables de l’ONU et même les journalistes ont montré peu d’intérêt à approfondir cette affaire. Lorsque je leur ai parlé en septembre, je leur ai demandé, en tant que professionnels, d’essayer de découvrir l’identité de ceux dont les corps étaient exposés à Bucha, mais je n’ai reçu aucune réponse.

Bien que nous n’ayons pas reçu les résultats de l’analyse médicale d’Alexeï Navalny, effectuée récemment après sa mort, des spéculations circulent sur son empoisonnement. Initialement, il est tombé malade lors d’un vol au-dessus de la Russie, provoquant l’atterrissage de l’avion. Des médecins russes l’ont soigné en Sibérie, mais le personnel médical allemand l’a ensuite pris en charge. En 24 heures, il était en Allemagne. Les Allemands ont toujours affirmé que nous l’avions empoisonné. Cependant, des analyses récentes ont confirmé son empoisonnement. Nous avons demandé les résultats des tests, mais ils nous ont été refusés. Au lieu de cela, ils ont été confiés à une organisation spécialisée dans les armes chimiques, dont nous sommes membres. Nous avons demandé de la transparence concernant le cas de nos citoyens, mais on nous a répondu que les Allemands leur avaient demandé de ne pas le partager avec nous. Ils n’ont trouvé aucune preuve d’empoisonnement dans l’hôpital civil. L’annonce publique de son empoisonnement a eu lieu après qu’il ait été soigné à l’hôpital militaire de la Bundeswehr, suggérant une possible dissimulation.

Carlson :

Alors, comment Navalny est-il mort ?

Lavrov :

En Russie, son service s’est terminé par sa mort. D’après les rapports que nous recevions, il se sentait occasionnellement mal, ce qui était l’une des nombreuses raisons pour lesquelles nous demandions à plusieurs reprises aux Allemands leurs conclusions. Nous n’avons pas pu reproduire leurs résultats et je ne suis pas sûr des mesures prises contre lui. Nous avons donc demandé aux Allemands une confirmation de leurs découvertes.

Carlson :

Que lui ont fait les Allemands ?

Lavrov :

Ils ne semblent clarifier les choses pour personne, y compris pour nous. Ou peut-être seulement aux Américains. Cela pourrait être plausible.

Mais ils ne nous ont jamais dit comment ils l’avaient traité, ce qu’ils avaient trouvé et quelles méthodes ils utilisaient.

Carlson :

Comment pensez-vous qu’il est mort ?

Lavrov :

Il est important de noter que je ne suis pas un professionnel de la santé. Cependant, il semble évident que quiconque tente de faire une supposition éclairée, même les médecins, aura besoin de certaines informations. De plus, si une personne soupçonnée d’empoisonnement a été envoyée en Allemagne pour y être soignée et a subi des tests, les résultats des tests ne peuvent pas rester confidentiels.

Malgré nos efforts continus, nous n’avons pas encore reçu de détails substantiels et fiables sur le lieu où se trouvent ou l’état de santé de Sergueï Skripal et de sa fille. Comme ils sont tous deux nos citoyens, nous avons parfaitement le droit, compte tenu des accords et conventions internationaux auxquels le Royaume-Uni est partie, de rechercher ces informations.

Carlson :

Pourquoi pensez-vous que Boris Johnson, ancien Premier ministre britannique, aurait pu entraver le processus de paix d’Istanbul ? Au nom de qui cette prétendue action a-t-elle été entreprise ?

Lavrov :

Dans les occasions où j’ai interagi avec lui, il est possible que ses actions découlent d’un besoin immédiat ou d’un objectif à long terme bien planifié. Il est difficile de prévoir exactement ce qu’il pourrait faire ensuite, car il a tendance à être imprévisible.

Carlson :

Son action était-elle éventuellement liée au gouvernement américain, à l’administration Biden, ou s’agissait-il d’une démarche indépendante ?

Lavrov :

Il est clair que les Américains et les Britanniques prennent les devants dans cette situation, mais je dois admettre mon ignorance quant à savoir qui pourrait venir ensuite.

Il semble évident que certaines capitales connaissent une lassitude et, parfois, des discussions surgissent suggérant que les Américains préfèrent déléguer le dossier à l’Europe et concentrer leur attention sur d’autres dossiers prioritaires. Franchement, je suis surpris par cela.

Nous évaluerons étape par étape, mais il semble que l’administration Biden vise à rendre les choses aussi difficiles que possible pour son prédécesseur, l’administration Trump.

D’une manière similaire aux actions de Barack Obama envers Donald Trump au cours de son mandat initial, le président Obama a choisi d’expulser 120 diplomates russes et leurs familles fin décembre 2016. Cela a été fait intentionnellement un jour où il n’y avait pas de vols directs entre Washington et Moscou. . En conséquence, ils ont dû voyager en bus de Washington à New York, transportant tous leurs bagages, y compris leurs enfants et autres effets personnels.

Simultanément, le président Obama a déclaré la saisie de certains complexes diplomatiques russes. Cependant, jusqu’à présent, nous n’avons pas eu l’occasion d’inspecter l’état de ces propriétés russes.

Carlson :

Quelle était la propriété ?

Lavrov :

On m’a empêché d’y accéder, malgré les protocoles diplomatiques habituels. Ils affirment simplement que ces éléments ne relèvent pas de l’immunité diplomatique, une décision qu’ils semblent avoir prise de manière indépendante, sans aucun soutien d’un tribunal international.

Carlson :

Il semble que vous pensiez que l’administration Biden actuelle pourrait répéter les actions qui ont été entreprises par l’administration Trump sortante lors de son entrée en fonction.

Lavrov :

Il semble que l’incident de l’expulsion et de la confiscation de biens n’ait pas favorisé un début positif dans nos relations avec l’administration Trump. Compte tenu de cela, il semble qu’ils répètent la même approche.

Carlson :

En tant que fervent partisan, je suis optimiste quant aux perspectives de résolution du conflit en Ukraine puisque le président Trump a souligné à plusieurs reprises son engagement à mettre fin à cette guerre lors de ses discours de campagne. Voici donc la question : quelles conditions spécifiques nous mèneraient à un accord qui mettrait fin à cette lutte de longue date ?

Lavrov :

Essentiellement, j’ai fait référence aux concepts mentionnés précédemment. Le 14 juin, le président Poutine a réitéré au ministère des Affaires étrangères que la Russie était prête à des négociations fondées sur les principes convenus à Istanbul et rejetés par Boris Johnson, comme l’a déclaré le chef de la délégation ukrainienne.

Le principe clé est le statut de non-blocage de l’Ukraine. Et nous serions prêts à faire partie du groupe de pays qui apporteraient des garanties collectives de sécurité à l’Ukraine.

Carlson :

Mais pas d’OTAN ?

Lavrov :

J’approuve sans réserve l’idée : aucune présence de l’OTAN. Aucune troupe étrangère n’établirait de bases militaires ou ne participerait à des exercices sur le sol ukrainien. C’était ma position à l’époque, et elle le reste aujourd’hui, avril 2022 étant passé. Cependant, à mesure que le temps avance, il est crucial de reconnaître l’évolution des réalités sur le terrain et de s’y adapter, en gardant toujours à cœur les meilleurs intérêts de l’Ukraine.

Les situations dans les régions de Donetsk, Lugansk, Kherson et Zaporozhye ne concernent pas seulement les lignes de démarcation ; elles impliquent également des modifications de la Constitution russe à la suite des référendums organisés dans ces domaines. Conformément à la Constitution, ces régions sont actuellement considérées comme faisant partie de la Fédération de Russie, ce qui reflète la situation actuelle.

Il est clair que nous n’accepterons pas un accord qui maintiendrait des lois restreignant la langue, les médias, la culture et l’Église orthodoxe ukrainienne russes, car cela irait à l’encontre des engagements de l’Ukraine au titre de la Charte des Nations Unies. Le silence de l’Occident depuis 2017, date à laquelle ces lois restrictives ont été promulguées, est une préoccupation à laquelle nous devons prêter une attention particulière.

Carlson :

Des sanctions contre la Russie seraient-elles une condition ?

Lavrov :

Il est probable que de nombreuses personnes en Russie préféreraient certaines conditions. Cependant, à mesure que nous continuons de subir des sanctions, il devient de plus en plus évident que l’autonomie est bénéfique, tout comme la promotion de la collaboration avec des pays amis à notre égard. Cela implique de créer des mécanismes et des plateformes de coopération, tout en gardant séparés les intérêts économiques, les politiques et la politique. Depuis l’imposition des sanctions, nous avons acquis des connaissances précieuses.

1) Les sanctions ont été initiées pendant le mandat du président Obama et se sont considérablement intensifiées pendant le premier mandat de Donald Trump. Les sanctions mises en œuvre par l’administration Biden sont sans précédent par rapport aux administrations précédentes.

Dans une autre manière de penser, tout ce qui ne nous élimine pas ne fait que nous rendre plus forts.

Carlson :

Il y a 20 ans, certains décideurs politiques à Washington auraient pu envisager d’intégrer la Russie dans une alliance occidentale comme contrepoids aux puissances montantes de l’Est. Cependant, il semble que cette vision ne se soit pas concrétisée comme prévu. Est-ce encore réalisable aujourd’hui ?

Lavrov :

Cela semble peu probable au vu des récentes remarques du président Poutine au Valdai Club devant des analystes politiques et des experts. Il y a déclaré que nous ne reviendrons pas à l’état du début de 2022. C’est pour lui une prise de conscience (ce qui indique que c’est peut-être non seulement son point de vue, mais aussi le partage par d’autres) que les efforts pour trouver l’égalité avec l’Occident ont été infructueux.

Après la chute de l’Union soviétique, de nombreux Russes ont ressenti un sentiment d’exaltation car ils pensaient avoir rejoint le monde « libéral » et « démocratique ». Cependant, il n’a pas fallu longtemps pour que la plupart des Russes réalisent que dans les années 1990, ils étaient souvent considérés comme un partenaire secondaire, voire pas du tout, mais plutôt comme une région où l’Occident pouvait gérer les affaires comme ils le voyaient. en forme, en concluant des accords avec des oligarques locaux, en acquérant des ressources et des actifs. Il semblait à de nombreux Russes que l’Amérique pensait avoir la Russie sous son contrôle. Boris Eltsine et Bill Clinton semblaient amicaux, riant et plaisantant souvent ensemble.

Cependant, vers la fin de la présidence de Boris Eltsine, il est devenu évident qu’il reconsidérait sa décision, car ce n’était pas la voie qu’il souhaitait pour la Russie. Cela était particulièrement évident lorsqu’il a choisi Vladimir Poutine comme Premier ministre, puis a démissionné prématurément et a approuvé Poutine comme son successeur pour les élections imminentes, que Poutine a finalement remportées.

Cependant, dès son accession à la présidence, Vladimir Poutine a démontré un vif intérêt pour la collaboration avec le monde occidental. Il exprime fréquemment cette tendance lors d’entretiens et lors de diverses rencontres internationales.

J’ai assisté aux réunions où il a interagi avec George W. Bush Jr., ainsi qu’avec Barack Obama. Après le sommet de l’OTAN à Bucarest, une réunion OTAN-Russie a eu lieu en 2008, au cours de laquelle ils ont déclaré que la Géorgie et l’Ukraine rejoindraient l’OTAN. Cette annonce nous a ensuite été présentée pour acceptation. Nous avons remis en question le raisonnement derrière cette décision. Le déjeuner a été servi et le président Poutine a posé la question de savoir pourquoi cela se produisait. Un point valable en effet. En réponse, ils nous ont expliqué que ce n’était pas une obligation, nous laissant perplexes. Comment cela pourrait-il ne pas être obligatoire ?

Pour commencer le voyage vers l’adhésion à l’OTAN, une invitation officielle est nécessaire dans un premier temps. Cependant, la déclaration selon laquelle « l’Ukraine et la Géorgie feront partie de l’OTAN » est devenue une obsession pour certains individus à Tbilissi. Cette obsession s’est intensifiée lorsque Mikhaïl Saakachvili, en état d’illusion, a lancé une guerre contre ses propres citoyens sous la surveillance de la mission de l’OSCE, avec des soldats de maintien de la paix russes sur le terrain. Une enquête lancée par l’Union européenne a notamment vérifié qu’il avait effectivement donné l’ordre de déclencher ce conflit.

Pour les Ukrainiens, il a fallu du temps pour développer ce penchant vers l’Occident. Ce n’est pas nécessairement bon ou mauvais de favoriser l’Occident ; on peut en dire autant de la préférence accordée à l’Est. Cependant, ce qui est nuisible, c’est lorsque quelqu’un présente une situation soit/soit, ce qui implique que si vous ne vous alignez pas sur lui, vous devenez son ennemi.

Avant le coup d’État en Ukraine, le président Viktor Ianoukovitch envisageait deux accords commerciaux : un avec l’Union européenne qui éliminerait les droits de douane sur la plupart des produits ukrainiens entrant dans l’UE et vice versa ; et un autre au sein de la Communauté des États indépendants (CEI) qui ne maintiendrait aucun tarif entre les pays de la CEI. Cependant, la Russie a fait valoir que si l’Ukraine devait appliquer des droits de douane nuls avec l’UE, elle devrait protéger ses propres industries contre l’inondation de produits européens. En effet, la Russie a négocié des accords avec l’Organisation mondiale du commerce pendant 17 ans pour protéger certains secteurs comme l’agriculture, et l’application de droits de douane nuls avec l’Ukraine pourrait nuire à ces industries protégées. La Russie a proposé une réunion entre les trois parties (Ukraine, UE et Russie) pour discuter des questions commerciales à l’amiable, mais le chef de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a rejeté cette suggestion, déclarant qu’ils ne se préoccupaient pas de la manière dont l’Ukraine menait ses relations commerciales. .

Plus tard, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a réuni ses conseillers pour les consulter. Ils ont convenu que même si l’ouverture de la frontière avec l’Union européenne n’était peut-être pas idéale, il était crucial de maintenir une frontière douanière avec la Russie. De cette façon, ils pouvaient surveiller et réguler ce qui était importé, garantissant ainsi un impact minimal sur le marché russe.

En novembre 2013, je n’ai pas pu conclure l’accord immédiatement, j’ai donc demandé à l’Union européenne de reporter l’accord à l’année suivante. Cette demande a servi de catalyseur au mouvement Maidan, qui a rapidement émergé et s’est finalement conclu par un coup d’État.

Essentiellement, je soutiens que cette situation présente un choix difficile. La première prise de pouvoir a eu lieu en 2004, après le deuxième tour des élections, où Viktor Ianoukovitch a été déclaré vainqueur à la présidence. Cependant, les puissances occidentales sont intervenues, faisant pression sur la Cour constitutionnelle ukrainienne pour qu’elle statue sur un troisième tour, alors que la Constitution n’en autorise que deux. C’était la première fois que la Cour violait la Constitution sous la pression occidentale. Finalement, c’est au milieu de cette tourmente qu’un candidat pro-occidental a été choisi. Dans le même temps, les dirigeants européens ont publiquement exhorté les Ukrainiens à choisir leur allégeance : soit à l’Occident, soit à la Russie.

Carlson :

Cependant, il est courant que les grandes nations suivent des modèles spécifiques dans leurs interactions. À l’heure actuelle, nous voyons des groupes tels que les BRICS et l’OTAN, ainsi que les États-Unis et la Chine, s’engager dans ces schémas. Vous semblez peut-être laisser entendre que l’alliance russo-chinoise durera éternellement, mais il est important de se rappeler que les alliances peuvent évoluer avec le temps.

Lavrov :

Eh bien, nous sommes voisins. Et bien sûr, la géographie est très importante.

Carlson :

Mais vous êtes également voisins de l’Europe occidentale. Et vous en faites effectivement partie.

Lavrov :

A travers l’Ukraine, l’Europe occidentale veut atteindre nos frontières.

Des plans furent proposés, très publiquement, pour établir des installations navales britanniques dans la mer d’Azov. Il y avait un fort intérêt pour la Crimée, avec des idées circulant sur la création d’une base de l’OTAN là-bas et bien plus encore.

Il semble que nous entretenions une relation amicale de longue date avec la Finlande, mais tout à coup, il semble qu’ils soient revenus à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, où ils étaient alliés d’Hitler. Ce changement s’est produit presque immédiatement, et toute la neutralité, les activités partagées comme les séances de sauna et les matchs de hockey ont disparu tout aussi rapidement. On ne sait pas si c’était quelque chose de profondément ancré dans leur cœur ou si le maintien de la neutralité avait été un fardeau pour eux. Je ne peux que spéculer.

Carlson :

Ils sont fous de la « guerre d’hiver ». C’est tout à fait possible.

Est-il possible pour vous d’engager des discussions avec Zelensky ? Étant donné qu’il a dépassé son mandat et qu’il n’est plus le président démocratiquement élu de l’Ukraine, je suis curieux de savoir si vous le considérez comme un interlocuteur approprié pour de telles négociations.

Lavrov :

Le président Poutine a abordé ce sujet à plusieurs reprises. En septembre 2022, durant la première année de l’opération militaire spéciale, le président Zelensky, estimant pouvoir dicter les conditions non seulement à son propre pays mais aussi à l’Occident, a publié un décret interdisant toute négociation avec le gouvernement russe.

Lors de rassemblements publics ultérieurs après cet incident, j’ai observé que l’on demandait au président Vladimir Poutine pourquoi la Russie semblait peu disposée à négocier. Il a répondu : « Ne confondons pas les choses. Nous sommes ouverts aux négociations, sous réserve d’un équilibre des intérêts, à partir de demain. Cependant, Vladimir Zelensky a publié un décret interdisant les négociations. Pour clarifier, je lui suggère de révoquer publiquement ce décret. Une telle action Cela indiquerait clairement qu’il est ouvert aux négociations. Au lieu de cela, M. Zelensky a conçu sa « formule de paix ». Plus récemment, il a été complété par un « plan de victoire ». Ils soulignent continuellement qu’ils savent ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils rencontrent les ambassadeurs de l’UE et dans d’autres contextes ; ils insistent sur le fait qu’il n’y aura pas d’accord à moins que les conditions ne leur soient favorables.

Je vous ai dit qu’ils planifiaient maintenant un deuxième sommet sur la base de cette formule de paix, et ils n’hésitent pas à dire que nous inviterons la Russie à lui présenter l’accord que nous avons déjà conclu avec l’Occident.

Chaque fois que mes pairs occidentaux semblent parler de l’Ukraine sans réellement mentionner l’Ukraine, c’est comme s’ils discutaient de questions liées à la Russie sans le dire explicitement. En effet, leurs conversations tournent souvent autour des termes et conditions que nous devrions être prêts à accepter.

Soit dit en passant, ils ont implicitement violé le principe selon lequel rien concernant l’Ukraine ne devrait être décidé sans l’Ukraine. Il y a des panneaux, il y a des communications. Ils connaissent notre position. Nous ne nous engageons pas dans une approche à deux faces. Ce que le président Poutine a déclaré constitue l’objectif de notre mission. C’est juste. Cela correspond parfaitement à la Charte des Nations Unies. Il s’agit principalement de droits : droits linguistiques, droits des minorités, droits des minorités nationales et droits religieux. Il adhère également aux principes de l’OSCE.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) reste active à ce jour. Lors de divers sommets, l’importance d’une sécurité indivisible a été soulignée, ce qui signifie que personne ne devrait renforcer sa propre sécurité aux dépens de celle des autres. En outre, il a été clairement établi qu’aucune organisation de la région euro-atlantique ne devrait chercher à établir une domination sur les autres. Ce principe a été réaffirmé pour la dernière fois par l’OSCE en 2010.

Je maintiens de tout cœur ma position, car il semble que l’OTAN aille à l’encontre de ce que je crois être juste. Pourtant, je trouve du réconfort en sachant que nous disposons d’arguments solides pour soutenir notre cause. Nous demandons fermement à l’OTAN de garder ses distances avec nos frontières, car les principes de l’OSCE exigent que de telles actions ne portent pas atteinte à nos droits. En outre, j’appelle ardemment au rétablissement des droits des Russes, en garantissant l’harmonie et la compréhension entre toutes les nations.

Carlson :

Dans le contexte des États-Unis, à qui pensez-vous comme étant ceux qui façonnent les décisions de politique étrangère ? Alternativement, quels individus ou groupes sont responsables de la prise de ces décisions aux États-Unis ?

Lavrov :

Je ne me souviens pas des détails exacts. La dernière fois que j’ai vu Antony Blinken, c’était il y a environ deux ans, lors d’un sommet du G20. Je crois que c’était soit à Rome, soit ailleurs. J’ai représenté le président Poutine lors de cette réunion. Son assistant m’a approché lors d’une discussion et m’a mentionné qu’Antony souhaitait me parler pendant dix minutes. Nous avons échangé des salutations et il a exprimé ses inquiétudes quant à la désescalade et à des questions similaires. J’espère que ma révélation ne le contrariera pas, car notre conversation s’est déroulée devant plusieurs témoins. Au cours de la réunion, j’ai dit : « Notre objectif est d’éviter l’escalade. Vous souhaitez infliger une défaite stratégique à la Russie, mais pas à l’échelle mondiale, mais uniquement à l’Ukraine. » Il a répondu : « Non, il ne s’agit pas d’une défaite stratégique mondiale. Il s’agit simplement d’une défaite en Ukraine.

Carlson :

Vous ne lui avez pas parlé depuis ?

Lavrov :

Non.

Carlson :

Avez-vous parlé à des responsables de l’administration Biden depuis lors ?

Lavrov :

Je ne veux pas ruiner leur carrière.

Carlson :

Mais avez-vous eu des conversations significatives ?

Lavrov :

Non, pas du tout.

Lors de rassemblements mondiaux, je rencontre occasionnellement des connaissances venant des États-Unis. Certains me saluent, d’autres discutent brièvement, mais je respecte toujours leur espace et évite de les déranger.

Il est courant que d’autres semblent mal à l’aise lorsqu’ils voient un Américain ou un Européen converser avec moi. Les Européens semblent m’éviter lorsqu’ils me repèrent. Le récent sommet du G20 a été assez surprenant. Des individus matures étaient présents, mais leur comportement rappelait celui des enfants. Tellement immature et difficile à croire. Incroyable!

Carlson :

En décembre 2016, au cours des derniers instants de son administration, Biden a pris des mesures pour rendre les relations entre les États-Unis et la Russie plus difficiles.

Lavrov :

Obama. Biden était vice-président.

Carlson :

Exactement. Je suis vraiment désolé.

En gros, l’administration Obama a laissé un tas de bombes à la nouvelle administration Trump.

Au cours du mois qui a suivi les élections, de nombreuses activités politiques ont eu lieu dans les pays voisins dans ce domaine. Par exemple, la Géorgie, la Biélorussie, la Roumanie et surtout la Syrie ont connu des bouleversements importants.

Cela semble-t-il faire partie d’un effort des États-Unis visant à rendre la résolution plus difficile ?

Lavrov :

Essentiellement, les États-Unis, dans leur approche historique des affaires internationales, se sont souvent retrouvés à semer quelques ennuis en premier, le but ultime étant de naviguer dans des eaux turbulentes pour obtenir des gains potentiels.

L’agression irakienne, l’intervention libyenne – provoquant essentiellement des destructions, pour ainsi dire. S’échapper d’Afghanistan. Ils tentent actuellement un retour secret, en utilisant les Nations Unies comme plate-forme pour orchestrer une « occasion » où les États-Unis peuvent réapparaître, même s’ils ont laissé l’Afghanistan dans le désarroi, ont retenu les fonds et ne sont pas disposés à les restituer.

De mon point de vue, il semble qu’en examinant les actions de la politique étrangère américaine, on pourrait dire que la stratégie suit souvent un schéma particulier : attiser des conflits, puis apprendre à en tirer profit.

Lors des élections précédentes, lorsque l’OSCE surveillait les votes dans des pays comme la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, ses rapports étaient souvent négatifs. Toutefois, lors des récentes élections en Géorgie, la mission d’observation de l’OSCE a émis un avis favorable. Malheureusement, ce rapport positif semble être négligé ou ignoré.

Lorsque vous approuvez les résultats des élections, vous approuvez les procédures qui y sont associées. A l’inverse, si vous n’êtes pas satisfait des résultats des élections, vous avez tendance à ignorer les procédures impliquées.

À mon avis, lorsque des pays comme les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont reconnu la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, ils ont essentiellement approuvé l’autodétermination sans référendum. Par la suite, les Serbes ont saisi la Cour internationale de Justice qui, même si ses arrêts ne sont pas toujours précis, a essentiellement affirmé que la déclaration d’indépendance d’une entité territoriale ne lie pas automatiquement les autorités centrales.

Plus tard, lorsque les Criméens ont organisé un référendum et invité des observateurs qui étaient des parlementaires de divers pays européens, asiatiques et post-soviétiques plutôt que des organisations internationales, ils ont exprimé leur refus en raison de préoccupations concernant des violations de leur souveraineté territoriale.

Il est important de comprendre que la Charte des Nations Unies n’est pas comme un menu dans lequel vous pouvez choisir sélectivement les parties à suivre. Il faut plutôt le respecter dans son ensemble.

Carlson :

Qui finance les rebelles qui se sont emparés de quartiers d’Alep, et le régime d’Assad risque-t-il de s’effondrer ? Pouvez-vous expliquer la situation actuelle en Syrie de votre point de vue ?

Lavrov :

Pour clarifier, nous avons conclu un accord dès le début de cette situation difficile. Le groupe Astana (comprenant la Russie, la Turquie et l’Iran) a été créé à cet effet. Nous organisons des réunions récurrentes, une autre étant prévue vers la fin de l’année ou au début de l’année suivante, pour délibérer sur la situation actuelle.

En termes plus simples, la stratégie américaine dans l’est de la Syrie consiste à faciliter la réconciliation entre les Syriens et à affaiblir les mouvements séparatistes potentiels. Ceci est réalisé en soutenant certains groupes kurdes, qui sont en partie financés par la vente des ressources pétrolières et céréalières qu’ils contrôlent et qu’ils occupaient.

Le format Astana s’avère bénéfique lorsqu’il s’agit de rassembler des joueurs, si on le souhaite. Nous sommes profondément investis dans le dossier en question. Suite aux événements d’Alep et de ses environs, j’ai eu des entretiens avec le ministre turc des Affaires étrangères et mon homologue iranien. Nous avons décidé de tenter une rencontre cette semaine, idéalement en marge d’une conférence internationale à Doha. Notre intention est de discuter une fois de plus de l’importance du respect strict des accords concernant la région d’Idlib. La zone de désescalade d’Idlib a servi de rampe de lancement aux terroristes pour s’emparer d’Alep. Les accords conclus en 2019 et 2020 ont confié à nos alliés turcs la responsabilité de gérer la situation dans la zone de désescalade d’Idlib et de séparer Hayat Tahrir al-Sham (anciennement Nosra) des groupes d’opposition non terroristes qui coopèrent avec la Turquie.

Par ailleurs, le point de discussion était la capture de l’autoroute M5 reliant Damas à Alep, initialement destinée aux déplacements mais désormais contrôlée par des groupes extrémistes. En tant que ministres des Affaires étrangères, nous prévoyons d’aborder cette question lors de notre prochaine réunion, prévue vendredi prochain. En outre, les forces militaires et le personnel de sécurité des trois pays maintiennent actuellement la communication.

Carlson :

Mais les groupes islamistes, les terroristes que vous venez de décrire, qui les soutient ?

Lavrov :

Partageons quelques détails avec toutes les personnes impliquées dans cette entreprise. Notre objectif est d’explorer ensemble comment réduire leurs sources de financement et d’aide militaire.

Les informations circulant et accessibles au public suggèrent, entre autres, l’implication des Américains et des Britanniques. Certains pensent qu’Israël pourrait chercher à aggraver la situation, préférant accorder moins d’attention à Gaza. C’est un scénario complexe avec de nombreux acteurs. Espérons que nos prochaines discussions pourront apporter une certaine stabilité à la région.

Carlson :

Que pensez-vous de Donald Trump ?

Lavrov :

À plusieurs reprises, je l’ai rencontré, d’abord lors de ses conférences avec le président Poutine, puis à deux reprises lorsque j’ai été invité au Bureau Ovale pour des discussions bilatérales.

D’après ce que je peux comprendre, il semble être une personne déterminée qui valorise les résultats et n’aime pas les retards ou la procrastination dans toute tâche. Il se montre également amical lors des discussions mais cela ne fait pas nécessairement de lui un pro-russe comme certains pourraient le suggérer. Sous l’administration Trump, nous avons subi un nombre important de sanctions.

Quel que soit le choix des électeurs, nous le respectons toujours. Dans le cas de l’Amérique, nous apprécions la décision de ses citoyens. Comme l’a déclaré le président Poutine, nous avons toujours été ouverts à toute interaction avec l’administration actuelle. Nous prévoyons que notre compréhension s’approfondira une fois que Donald Trump prendra ses fonctions. Suivant les propos de Poutine, c’est à eux que revient l’initiative. Nos liens dans des domaines tels que l’économie, le commerce et la sécurité n’ont jamais été coupés.

Carlson :

En tant que spectateur, je suis curieux de connaître l’ampleur de vos préoccupations concernant une potentielle intensification des tensions entre la Russie et les États-Unis, compte tenu de votre compréhension de la situation.

Lavrov :

Eh bien, nous avons commencé avec cette question, plus ou moins.

Carlson :

Cela semble être la question centrale.

Lavrov :

En effet, il existe un sentiment général parmi les Européens selon lequel il n’est ni approprié ni réalisable pour Vladimir Zelensky de fixer les conditions de l’accord ; au contraire, le pouvoir appartient aux États-Unis et à la Russie.

Nous ne devrions pas décrire nos relations comme s’il s’agissait simplement d’une décision prise par deux individus pour tout le monde. Cela ne correspond absolument pas à notre façon de fonctionner.

Dans les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai, nous sommes attirés par les coutumes qui soutiennent le principe fondamental de la Charte des Nations Unies : l’égale souveraineté de toutes les nations. Ce principe n’est pas seulement évoqué mais véritablement mis en pratique dans ces organisations.

Les États-Unis ont souvent du mal à faire respecter le respect mutuel et l’égalité des droits entre les nations, comme le démontre leur position à l’égard de la Russie et de l’Ukraine : lorsqu’ils prétendent qu’ils ne peuvent pas tolérer une victoire russe en Ukraine parce qu’elle mettrait en cause notre système de droit international. Ce système, affirment-ils, est en réalité un ordre dirigé par les Américains.

Sous l’administration Biden, l’OTAN a élargi son champ d’action pour englober l’ensemble du continent eurasien et les stratégies indo-pacifiques. Des régions clés telles que la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale figurent déjà à l’ordre du jour de l’OTAN, où des infrastructures y sont en cours de développement. L’alliance connue sous le nom d’AUKUS (composée de l’Australie, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Japon) est en train d’être renforcée, souvent appelée les Quatre Indo-Pacifiques. De plus, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon forgent une alliance militaire comprenant des éléments nucléaires. Jens Stoltenberg, ancien secrétaire général de l’OTAN, a déclaré l’année dernière que la sécurité atlantique est interconnectée à la sécurité indo-pacifique. Lorsqu’on lui a demandé si cela signifiait aller au-delà de la défense territoriale, il a répondu que même si cela ne dépasse pas la défense territoriale, la nécessité de défendre notre territoire nécessite une présence sur place. Le concept de préemption devient de plus en plus important.

Il est important pour nous d’éviter tout conflit avec qui que ce soit. Comme mentionné précédemment, cinq nations au plus haut niveau en janvier 2022 ont convenu qu’elles souhaitaient éviter les confrontations les unes avec les autres. Ils ont également souligné l’importance de respecter les préoccupations et les intérêts de sécurité de chacun. De plus, ces nations ont déclaré sans équivoque que la guerre nucléaire était impossible à gagner, la rendant ainsi impossible.

En 2021, lors de leur réunion à Genève en juin, la Russie et les États-Unis, respectivement Poutine et Biden, ont réaffirmé une position similaire. Essentiellement, ils faisaient écho aux sentiments de Reagan et Gorbatchev de 1987 concernant l’absence de guerre nucléaire. C’est crucial pour nous, et nous sommes convaincus que cela revêt également une importance pour les États-Unis.

John Kirby, coordinateur des communications de la Maison Blanche, a récemment abordé des questions concernant l’escalade et l’utilisation potentielle des armes nucléaires. Il a déclaré : « Nous ne voulons pas d’escalade car, en cas d’implication nucléaire, nos alliés européens en seraient affectés. » Cela implique que les États-Unis pourraient ne pas être directement lésés, ce qui pourrait conduire à un comportement à risque. Si cet état d’esprit persiste, des mesures irréfléchies pourraient être prises, ce qui n’est pas souhaitable.

Carlson :

Vous suggérez que les décideurs américains croient qu’un événement nucléaire pourrait se produire ailleurs sans impact sur les États-Unis, mais vous exprimez des doutes quant à l’exactitude de cette hypothèse.

Lavrov :

En effet, c’est mon point. Les professionnels de la dissuasion, notamment de la stratégie de dissuasion nucléaire, sont bien conscients qu’il s’agit là d’une entreprise très périlleuse. Discuter de la possibilité d’échanges limités de frappes nucléaires est une voie vers la catastrophe, un scénario que nous devons nous efforcer d’éviter.

2024-12-06 02:13