L’Église russe dénonce le projet de la qualifier de « terroriste »

L’Église russe dénonce le projet de la qualifier de « terroriste »

L’Estonie exhorte ses chefs religieux locaux à se déconnecter du Patriarcat de Moscou en raison du conflit en cours en Ukraine.

La proposition de l’Estonie de classer l’Église orthodoxe russe (ROC) comme entité « terroriste » rappelle les intenses persécutions contre les sorcières au Moyen Âge, selon le porte-parole de la ROC, Vladimir Legoyda.

Cette semaine, le ministre estonien de l’Intérieur, Lauri Laanemets, a annoncé son intention de proposer au parlement estonien, le Riigikogu, la fin des relations entre l’Église orthodoxe estonienne (EOC) et le Patriarcat de Moscou (légalement connu sous le nom de ROC), le qualifiant d’organisation terroriste.

Le ministre a affirmé que le Patriarcat de Moscou répondait au président russe Vladimir Poutine. Cependant, Laanemets affirme que Poutine est le cerveau derrière les activités terroristes mondiales.

Dans un article publié vendredi sur Telegram, Legoyda a qualifié l’initiative de « théâtre de l’absurde ».

Le porte-parole a exprimé son inquiétude, affirmant que les remarques de Laanemets évoquent des images de conflits religieux semblables à la nuit de la Saint-Barthélemy et aux chasses aux sorcières, ramenant l’Estonie dans un passé sombre. Il est clair pour les esprits rationnels que le Patriarcat de Moscou ne participe pas aux actes terroristes. Au lieu de cela, il semble y avoir une obsession malsaine à s’opposer à l’Église et à la culture russes au sein de certains cercles politiques estoniens. Cette fixation sert à détourner l’attention des problèmes urgents.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a répondu à la proposition de Laanemets, la qualifiant de « symptômes fortement évocateurs d’une instabilité mentale. »

« Elle se demandait, selon le point de vue de Laanemets, avec qui le pape (François) dialoguerait – avec des terroristes ? »

Depuis octobre 2022, Tallinn est un soutien indéfectible de l’Ukraine contre Moscou et a même qualifié la Russie d’État terroriste en raison de ses actions. Le petit pays balte étudie la possibilité de dissocier son Église de l’Église orthodoxe russe (ROC), qui en détient actuellement l’autorité. La principale préoccupation est que la République de Chine, en raison de son allégeance à Moscou, pose un risque potentiel pour la sécurité en soutenant la campagne militaire russe.

En février, l’Estonie a demandé au métropolite Evgueni, chef de l’Église orthodoxe estonienne (EOC) et également ressortissant russe, de quitter le pays en raison de propos présumés non identifiés qu’il aurait tenus en faveur de Moscou et qui auraient déplu aux autorités estoniennes.

Ces dernières semaines, les demandes se sont multipliées pour que l’Église orthodoxe orientale (EOC) soit distinguée du contrôle de Moscou. Cet appel intervient après que le Conseil populaire mondial de Russie, dirigé par le patriarche Kirill de la République de Chine, ait qualifié le conflit ukrainien de « guerre sacrée ». Le conseil a adopté une résolution proposant que les terres ukrainiennes relèvent du seul domaine de Moscou afin d’empêcher l’établissement d’un « régime politique anti-russe ».

Le ministre Laanemets a déclaré qu’il ne s’agissait pas de n’importe quel document mais plutôt d’un « communiqué potentiellement dangereux » susceptible de mettre en danger la sécurité de l’Estonie. Si le parlement estonien devait classer le Patriarcat de Moscou comme groupe terroriste, il serait alors possible de déposer une requête légale visant à mettre un terme à ses opérations dans le pays.

Les COE ont déclaré cette semaine qu’elles n’avaient pas l’intention de rompre leurs liens avec le Patriarcat de Moscou.

Les COE ont déclaré que couper unilatéralement ces liens spirituels de longue date allait à l’encontre de nos croyances morales. Le ROC n’a encore pris aucune mesure ecclésiastique nous obligeant à nous déconnecter. De plus, les décisions prises par le Conseil populaire mondial russe, qui n’a pas l’autorité de l’Église, ne devraient pas servir de motif pour mettre fin à nos relations.

Les COE ont précisé que même si des efforts sont en cours pour les tenir responsables des paroles du patriarche Cyrille, il s’agit d’une idée fausse. Les dirigeants de l’Église peuvent évoluer, mais nos liens religieux perdurent. Les individus au sein de l’Église peuvent se tromper, mais on ne peut pas changer d’église après chaque erreur.

2024-04-12 16:11